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L'opposant Rajoelina rompt les discussions avec le président

Andry Rajoelina, le maire destitué d'Antananarivo, a annoncé qu'il ne participerait plus aux négociations avec le président Marc Ravalomanana. Motif : l'absence du chef de l'État au quatrième rendez-vous prévu entre les deux hommes.

AFP - L'opposant malgache Andry Rajoelina a annoncé la rupture des discussions avec le président Marc Ravalomanana, absent mercredi d'un quatrième rendez-vous prévu entre les deux adversaires depuis le début de la crise politique.

"A partir de maintenant, moi qui dirige cette lutte, je ne participerai plus à ces négociations. Personnellement, je n'y trouve plus d'intérêt", a déclaré en français M. Rajoelina, à la presse.

"Je me suis rendu (mercredi) à ce face-à-face dans l'objectif de trouver une solution face à la crise que subit Madagascar actuellement. Le fait que le président de la République ne soit pas venu à cette rencontre, cela signifie que la vie de la nation n'est pas prioritaire (pour lui)", a-t-il estimé.

Une quatrième rencontre depuis le début de la crise politique majeure qui secoue la Grande Ile de l'océan Indien depuis mi-décembre était prévue mercredi après-midi dans la périphérie d'Antananarivo.

Le président de la République, qui se trouvait en province dans la journée, ne s'y est pas rendu.

"A partir de maintenant, c'est le peuple qui va revendiquer. Nous allons intensifier les revendications de la population, revenir sur la place du 13-Mai", lieu de rassemblement habituel des partisans du maire destitué de la capitale, a-t-il annoncé, ajoutant: "J'ai été complètement déçu par les trois face-à-face".

Andry "TGV", surnommé ainsi par ses partisans pour son caractère fonceur, n'a pas précisé la date de ce nouveau rassemblement.

Un peu plus tôt, Mgr Odon Razanakolona, président en exercice de l'influent Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM), médiateur dans la crise, avait annoncé à la presse qu'il se retirait, à titre personnel, des négociations.

"Durant les trois rencontres, rien n'a avancé. C'est le blocage total (...) Je me retire de la médiation. Les Nations unies nous avait demandé de conduire la médiation. Je demande aux Nations unies de prendre les dispositions nécessaires", a déclaré Mgr Razanakolona.

Un conflit larvé entre les deux hommes s'est transformé en crise ouverte mi-décembre, à la suite de la fermeture par les autorités de la télévision du maire élu de la capitale.

Depuis, M. Rajoelina a multiplié les manifestations à Antananarivo et pris la tête d'une "Haute Autorité de transition" censée aux yeux de l'opposition remplacer le pouvoir en place. Il s'est également autoproclamé en charge des affaires du pays.

M. Rajoelina, 34 ans, s'est fait le porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches durement touchés par la hausse des prix. Il a également porté sur la place publique leur ressentiment contre M. Ravalomanana décrit comme coupé de la population et affairiste.

Une centaine de personnes sont mortes à Madagascar depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit.

Vingt-huit d'entre elles ont été abattues le 7 février par la garde présidentielle qui avait tiré sans sommation, dissimulée dans un palais abritant le bureau du président dans la capitale, sur une foule de partisans de M. Rajoelina.