
Les négociations entre le LKP, le patronat et le gouvernement ont repris, ce mercredi. Suivez l'évolution de cette journée décisive avec les correspondants de FRANCE 24.
Pointe-à-Pitre est dans l’expectative. Alors que les négociations sociales ont repris, ce mercredi à 15h locales (20h à Paris), les Guadeloupéens attendent beaucoup des "nouvelles solutions" promises par le gouvernement, en particulier par le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo. Le collectif LKP, les organisations patronales et les médiateurs du gouvernement s’étaient séparés, lundi soir, sur un constat d’échec.
La Martinique devrait également regarder cette nouvelle journée de discussions de près. Trois véhicules incendiés, plusieurs magasins pillés, interventions d’escadrons de gendarmes mobiles... La nuit a été agitée à Fort-de-France, où les négociations sur la hausse des salaires se poursuivent après 20 jours de grève générale.
"Un quart de la population guadeloupéenne dans la rue"
Dans une interview accordée à FRANCE 24, mercredi matin, le leader du LKP, Elie Domota, a accentué la pression en martelant que "le mouvement n’a pas vocation à s’arrêter". Sous-entendu : si les discussions de mercredi tournent, comme lundi, au dialogue de sourds, blocages et manifestations pourraient reprendre de plus belle.
"C'est un peu lamentable de voir qu'il faille faire descendre un quart de la population guadeloupéenne dans la rue pour qu'aujourd'hui on ose nous écouter", a ajouté Elie Domota, quelques heures avant l'ouverture des discussions qui s'annoncent décisives.
Une crispation qui contraste avec l'apparente décontraction du gouvernement. Yves Jégo s’est dit confiant dans les discussions à venir. "Nous avançons dans la bonne direction", a-t-il affirmé, précisant vouloir "prendre ce qu’il y a de meilleur dans chacune des propositions". Le secrétaire d'Etat n’en doute pas : "il y a maintenant, sur la table [des négociations] de quoi bâtir la solution", notamment une augmentation qui approcherait les 200 euros "pour un certain nombre de salariés de bas niveau".
Les "nouvelles solutions" de Jégo
Ces 200 euros sont au cœur des discussions qui ont repris, ce mercredi : comment financer cette augmentation salariale réclamée par le LKP depuis deux mois ? Le gouvernement a écarté la solution avancée par l’Union des chefs d’entreprise de Guadeloupe (Uceg) – la moitié de l'augmentation financée par l’Etat via une franchise de la CSG et de la CRDS sur trois ans – mais affirme revenir à la table des négociations avec "de nouvelles solutions".
Dans les colonnes du quotidien "Le Parisien" et sur les ondes de France Info, Yves Jégo a ainsi de nouveau évoqué l’aménagement du Revenu de solidarité active (RSA) comme solution envisageable : "Ce que nous voulons, c'est jouer avec le Revenu de solidarité active [...] c'est en réadaptant sans doute ce complément de revenu qu'on peut arriver à formater une solution", a-t-il avancé sans expliquer comment ce levier pouvait participer au financement de la hausse des salaires.
Cette solution est également celle que préconise le Medef guadeloupéen.
"Un œil différent"
Problème : cette solution - financement par le RSA - ressemble fort à celle déjà proposée, lundi, par les négociateurs du gouvernement, et que le leader du collectif LKP, Elie Domota, avait alors qualifiée de "véritable usine à gaz".
Le gouvernement et le patronat sortiront-ils un autre lapin de leur chapeau ?
Si c'est le cas, il faudra faire vite. "C'est seulement maintenant, après un mois de conflit que l'on commence à nous prendre au sérieux, conclut Elie Domota au micro de FRANCE 24. "Je crois qu’il faut que l’Etat et les patrons nous voient d’un œil différent".