Lors d'une leçon de cinéma à la Cinémathèque française à Paris lundi soir, le prolifique réalisateur américain a livré, devant un parterre de fans enthousiastes, ses méthodes de travail et les origines de sa passion pour le 7ème art.
AFP - "Si je n'ai pas d'histoire à raconter, je deviens fou", a assuré lundi à Paris le cinéaste américain Steven Spielberg, devant un parterre de cinéphiles avertis à la Cinémathèque française.
"Je me sens misérable quand je ne fais rien et ma famille me supplie: "tu n'as rien sur le feu ?" Parce que je suis là à embêter tout le monde", a-t-il affirmé lors d'une "Master Class" (leçon de cinéma), entre deux projections de son dernier film, "Cheval de Guerre" (qui sortira en France le 22 février).
Accueilli par une "standing ovation" enthousiaste de plusieurs minutes dans le grand amphi de la cinémathèque, le père de E.T, Indiana Jones et, plus récemment, d'une version grand écran de Tintin, a déclaré en français, la main sur le coeur: "Je t'aime!" à la salle.
"Si vous êtes quelqu'un qui aime raconter des histoires, il est impossible de vous arrêter d'en raconter", a-t-il jugé. "Moi je suis un raconteur d'histoires (storyteller)".
Interrogé sur scène par les deux patrons de la Cinémathèque, le directeur-général Serge Toubiana et son président le cinéaste Costa-Gavras, Steven Spielberg est revenu sur les raisons qui l'ont amené au cinéma.
"J'ai commencé à faire des films quand j'étais gosse parce que je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de plus drôle à faire: à 13 ans, rien ne m'intéressait plus que de réaliser des petites histoires de 3 ou 4 minutes avec une caméra".
"Et quand je fais un film aujourd'hui, à 65 ans, j'éprouve exactement la même sensation, la même énergie et la même excitation qu'à mes 12, 13 ans. Ca ne m'a jamais quitté".
Révélé aux cinéphiles avec "Duel" (1971) puis au grand public par "Les Dents de la mer" (1975), Steven Spielberg a réalisé plus de trente longs métrages et autant de grands succès rien que pour le cinéma, de très nombreux films et séries pour la télévision, dont plusieurs épisodes de "Columbo", et produit également des dizaines d'oeuvres pour le grand et le petit écran dont la série "Band of Brothers" (Frères d'armes) en 2001.
Quand l'histoire l'attire au point de ne pouvoir résister, comme pour "Cheval de Guerre", adapté d'un livre et d'une pièce de l'écrivain anglais Michael Morpurgo, Spielberg travaille à toute vitesse: ici, sept mois pour écrire le scénario et préparer le tournage dans le Devon en Angleterre, a-t-il confié.
Un délai "particulièrement court, qui constitue un record à la E.T", a-t-il relevé: "E.T aussi avait pris sept mois de travail entre le script et le tournage".
Rien qu'en 2011, il a signé "Les Aventures de Tintin - Le Secret de la Licorne", sa première réalisation en 3D et "Cheval de Guerre", enchaînant les ambitions comme il l'a fait déjà par le passé, en 1993 par exemple avec "La Liste de Schindler", et "Jurassic Park"...
Comme on lui demandait dans cette salle emplie de jeunes cinéastes en devenir, ses conseils pour la direction d'acteurs, il a dit: "Le premier conseil, c'est de bien choisir son casting. J'y consacre beaucoup de temps et, une fois que c'est fait, le second point, c'est d'écouter les acteurs choisis. A quoi ça sert, sinon, de sélectionner des gens talentueux ? En écoutant vos acteurs, vous écoutez votre histoire".
A lui, révèle-t-il, c'est François Truffaut qui lui a donné le meilleur conseil: "On s'est rencontré à Mobile, Alabama, il venait de terminer +L'Argent de poche+ et il m'a dit: tu devrais travailler avec des enfants, travailler pour les enfants", se souvient Spielberg.
"Et c'est ça que je suis aujourd'hui: ce que vous êtes transparaît dans vos films. Et dans le fond, je ne me suis jamais éloigné de l'enfant que j'étais".
"Et c'est peut-être ça mon secret: rester un enfant", répond-il finalement à Costa-Gavras qui lui posait la question.