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La sûreté des centrales nucléaires françaises est suffisante pour qu’elles poursuivent leur activité, annonce dans un rapport l’Autorité de sûreté nucléaire qui estime néanmoins qu'il est nécessaire d'augmenter la "robustesse" des installations.

AFP - L'ensemble des centrales françaises ont "un niveau de sûreté suffisant" pour exclure leur arrêt immédiat, mais il est indispensable d'investir des milliards d'euros pour augmenter dès que possible leur "robustesse", a jugé mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

L'ASN, qui a remis dans la matinée au Premier ministre l'audit de sûreté demandé après la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011 au Japon, a donné six mois aux exploitants des installations nucléaires pour lui présenter les mesures qui permettraient d'assurer les fonctions fondamentales des sites même en situation extrême.

Le but est de maintenir la sûreté des installations en cas de catastrophe majeure (séismes, inondations, ou conjonction de plusieurs phénomènes extrêmes) et de "limiter les rejets massifs dans un scénario d'accident", selon l'ASN.

Le ministre de l'Energie, Eric Besson, a annoncé qu'il allait réunir les exploitants des installations nucléaires (EDF, Areva, CEA) dès lundi, afin de "définir le calendrier de mise en oeuvre des demandes" de l'ASN.

L'ASN souhaite que les exploitants lui soumettent pour le 30 juin 2012 un "noyau dur" qui, pour chaque centrale, identifierait les dispositions à mettre en place en termes de matériel et d'organisation. Un "noyau dur" qui devra notamment comprendre un centre de commandement et de communication "bunkerisé", ainsi qu'un groupe électrogène et une alimentation en eau "d'ultime secours".

"Nous imposons des mesures qui se traduisent par des investissements massifs. Si des exploitants, EDF ou un autre, jugent que ce qu'on demande est tellement onéreux, à eux de voir si l'exploitation en vaut encore la peine", a relevé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, évoquant des "dizaines de milliards d'euros" d'investissement.

"Force d'action rapide"

Selon EDF, qui exploite un parc de 58 réacteurs français, le surcoût ne devrait toutefois pas dépasser 10 milliards d'euros par rapport aux investissements déjà programmés.

"Pour pouvoir exploiter notre parc de 58 réacteurs jusqu'à 60 ans, nous avions quantifié les dépenses nécessaires à environ 40 milliards d'euros" sur une trentaine d'années, a souligné Jean-Marc Miraucourt, directeur de l'ingénierie du parc nucléaire d'EDF.

"Nos premières estimations montrent qu'on devrait rester dans une fourchette de 40 à 50 milliards d'euros", a-t-il assuré à l'AFP.

"Pas de marchandage en matière de sureté nucléaire", a insisté la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet.

Pour les Français, cela représentera "moins de 2% d'augmentation des factures d'électricité" par an, a de son côté assuré Eric Besson.

L'ASN demande aussi la mise en place progressive, à partir de cette année, d'une "force d'action rapide nucléaire", un dispositif d'urgence permettant d'envoyer des équipes spécialisées et du matériel sur un site accidenté en moins de 24 heures. Ce dispositif, qui avait été évoqué par EDF en avril 2011, devra être "complètement opérationnel" fin 2014.

Le Premier ministre, François Fillon, a souligné que le gouvernement veillerait auprès des exploitants à ce que "l'intégralité des demandes" de l'ASN soit respectée "dans le calendrier qui leur est imposé".

Après l'accident de Fukushima, le cas de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne de France -entrée en service en 1977- avait cristallisé la polémique, de nombreuses organisations écologistes en réclamant la fermeture.

L'ASN n'a toutefois pas formulé de "demandes spécifiques" pour le site alsacien au-delà de celles déjà préconisées en juillet dernier à l'issue de la visite décennale.

L'ASN avait alors estimé que l'exploitation du réacteur N°1 pouvait continuer dix ans de plus sous réserve de certains travaux.

"Aux responsables politiques de décider s'ils souhaitent investir ces milliards dans une technologie qui restera dangereuse pour l'homme, ou dans la transition énergétique", a réagi l'organisation Greenpeace, qui présentera une "contre-expertise" le 16 janvier.