Plus de 2900 personnes emprisonnées à Cuba seront amnistiées prochainement, a annoncé le président. Une mesure qui ne concernera cependant pas l'Américain Alan Gross, condamné à 15 ans de prison en mars dernier pour atteinte à la sûreté de l'État.
AFP - Le président cubain Raul Castro a annoncé vendredi une amnistie sans précédent de près de 3.000 prisonniers, dont 86 étrangers, et réaffirmé sa volonté de promouvoir "lentement" une réforme de la loi migratoire allégeant les restrictions de voyage imposées aux Cubains depuis un demi-siècle.
L'amnistie, effective "dans les prochains jours", concerne "plus de 2.900 condamnés" et "86 étrangers de 25 pays, dont 13 femmes, condamnés pour des délits commis à Cuba", a affirmé le chef de l'Etat.
La mesure ne concernera toutefois pas l'Américain Alan Gross, dont la condamnation en mars à quinze ans de prison constitue un obstacle majeur à l'amélioration des relations entre les Etats-Unis et Cuba.
"Alan Gross se sera pas sur la liste des personnes libérées", a assuré à l'AFP Josefina Vidal, directrice pour l'Amérique du Nord du ministère, quelques minutes après l'annonce de l'amnistie.
En présentant la mesure devant le parlement cubain, Raul Castro a indiqué que "quelques condamnés pour des délits contre la sécurité de l'Etat qui ont purgé une partie importante de leur peine en bonne conduite" seraient libérés, laissant entendre que l'Américain pourrait être placé sur la liste des libérables.
Les autorités américaines ont admis qu'Alan Gross, arrêté en décembre 2009 alors qu'il remettait du matériel de communication par satellite à des opposants, travaillait pour un sous-traitant du programme d'aide du département d'Etat (USAID), mais ont toujours considéré sa condamnation comme une "injustice" et réclamé sa libération.
Aucune amélioration des relations entre Cuba et les Etats-Unis, qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961, n'est possible tant qu'Alan Gross, 62 ans, restera en prison à Cuba, ont toujours répété les autorités américaines.
S'exprimant en clôture de la seconde session annuelle de l'assemblée nationale, le président Castro a également abordé avec prudence la politique migratoire de Cuba, dont la réforme est très attendue par la population après les libéralisations des marchés des véhicules et des logements cet automne.
Cette réforme se fera "sans pression", a souligné le président cubain.
"Nombreux sont ceux qui considèrent urgente l'application d'une nouvelle politique migratoire, en oubliant les circonstances exceptionnelles que vit Cuba, sous le siège que nous impose la politique d'ingérence et de subversion du gouvernement des Etats-Unis", a-t-il expliqué.
"Je réaffirme ma volonté intangible d'introduire lentement les changements requis dans cette problématique complexe" de la loi migratoire, a-t-il toutefois assuré en clôture de la seconde session annuelle de l'assemblée nationale.
Parmi les principales mesures étudiées, figurent notamment la disparition des permis de sortie et d'entrée dans l'île et le concept d'émigration "définitive" qui implique la confiscation par l'Etat de tous les biens de l'émigré et l'impossibilité de son retour à Cuba.
Raul Castro avait évoqué lors de la précédente session parlementaire la préparation de cette réforme dans le cadre de "l'actualisation" du régime qu'il a entreprise depuis qu'il a succédé au pouvoir à son frère Fidel en juillet 2006.
Une telle réforme doit constituer "une contribution à l'amélioration des liens de la nation avec la communauté des émigrés", avait alors souligné Raul Castro, en soulignant qu'elle visait à en "terminer avec des restrictions non nécessaires".