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La "francophobie" au cœur de la guerre entre Marine Le Pen et Eva Joly

Depuis le début de la semaine, la présidente du Front national a pris pour cible la candidate écologiste affirmant que ses propositions sont "délirantes et souvent francophobes". Des attaques auxquelles Eva Joly répond en proposant un débat.

Les hostilités durent depuis plusieurs jours. Et c’est Marine Le Pen qui a dégainé la première, lundi 19 décembre, lors d’un déplacement au marché de Noël des Champs-Elysées, à Paris.

Dans un discours centré sur le "produire français" et la réindustrialisation du pays, la présidente du Front national (FN) a, au passage, attaqué personnellement la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), estimant qu'elle n’était pas légitime pour postuler à l’Élysée au prétexte qu'elle est "SPF: sans patrie fixe" - un argument déjà utilisé par la candidate FN quand Eva Joly, née en Norvège, avait présenté sa candidature à la primaire écologiste. 

"Chaque fois qu'Eva Joly l'ouvre, ça devient un gag"

Des propos réaffirmés avec force par Marine Le Pen le lendemain sur la radio Europe 1 : "Toutes ses propositions sont délirantes et elles sont très souvent francophobes. [Eva Joly] exprime régulièrement son hostilité à l'égard de tout ce qui est patriotisme." Et la candidate frontiste de détailler : "Parce qu'elle veut supprimer le 14-Juillet, parce qu'elle nous a indiqué que le 'made in France', ça la scandalisait, parce qu'elle nous a expliqué que les structures internationales, elle trouvait que c'était très bien quand il s'agissait de protéger les emplois des Guinéens."

La présidente du FN a également estimé que "chaque fois qu'Eva Joly ouvre la bouche, cela devient un gag". Elle poursuit : "On s'interroge. Pourquoi elle est candidate à la présidentielle en France alors que manifestement tout ce qui, de près ou de loin, touche la France, la hérisse ?"

"Je suis la seule à avoir choisi la France"

La réplique n’a pas tardé à venir. Mercredi matin, toujours sur Europe 1, Eva Joly a rétorqué : "J'ai choisi la France, j'y vis depuis bientôt cinquante ans, je suis la seule à avoir choisi la France", a-t-elle déclaré tout en réaffirmant son opposition au défilé militaire du 14-Juillet, qu’elle juge "très suranné".

"Elle [Marine Le Pen] a jeté un gant, je le relève", a insisté l'ex-juge d'instruction qui s’en est pris au père de la candidate frontiste, Jean-Marie Le Pen. "Ce n'est pas à la fille héritière de milliardaire, héritière d'un parti, héritière d'un tortionnaire en Algérie, de décider qui est Française ou pas", a-t-elle ajouté. L’ancien président du FN est régulièrement accusé d'avoir utilisé la torture pendant la guerre d'Algérie.

"Face à la crise, l'agressivité et la haine de Mme Le Pen ne servent à rien, elle ferait mieux de travailler ses programmes", a-t-elle continué.

Eva Joly s’est par ailleurs déclarée prête à débattre avec Marine Le Pen. C'est "quand elle voudra et nous verrons bien qui aime vraiment la France". La balle est dans le camp de la candidate frontiste. À elle de donner suite à cette rencontre qui, si elle a lieu, promet d’être acérée.