Le gouvernement a durci le ton au sixième jour de grève des agents de sûreté aéroportuaire en prévenant que 400 policiers et gendarmes se tenaient prêts à se substituer au personnel gréviste, en cas d'échec des négociations.
REUTERS - Les agents de sécurité et le médiateur nommé par le gouvernement tentent ce mercredi de mettre fin à un mouvement social qui perturbe depuis six jours les aéroports français à l’approche des fêtes de fin d’année.
Quatre cents policiers et gendarmes se tiennent prêts à se substituer aux personnels grévistes en cas d’échec des négociations.
Une réunion a commencé dans la matinée à l’aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle entre un médiateur et les grévistes, qui demandent des hausses de salaire allant jusqu’à 200 euros par mois et l’amélioration de leurs conditions de travail.
L'Assemblée nationale examinera le 24 janvier la proposition de loi UMP visant à encadrer le droit de grève dans le transport aérien, a annoncé mardi le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, au cinquième jour de la grève des agents de sûreté des aéroports.
Déposée à l'initiative du député UMP Eric Diard, la proposition de loi vise à transposer dans le transport aérien le dispositif existant dans les transports terrestres depuis 2007.
Cette dernière "sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs" prévoit une obligation de négociation, la déclaration individuelle des grévistes 48 heures avant le début du mouvement, la réaffectation des personnels, la publication des prévisions de trafic 24 heures à l'avance.
Mais selon la CGT, la situation était toujours bloquée en fin de matinée. « Le patronat ne veut toujours pas discuter pour l’instant des salaires », a déclaré un prote-parole.
Selon Sud aérien, le président du syndicat des entreprises de sécurité aérienne n’est pas venu à la réunion. « Le gouvernement hausse le ton et utilise à nouveau la démagogique et misérable vieille ficelle des ‘passagers pris en otage’ pour menacer de remplacer les grévistes par des policiers », écrit Sud aérien dans un communiqué.
« Les négociations vont continuer ce matin. Mais si cette grève continuait, il est évident que le gouvernement prendra ses responsabilité pour que le trafic puisse s’écouler normalement », a déclaré Thierry Mariani, ministre chargé des Transports, sur France 2.
Lors du conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a demandé au gouvernement de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour que les départs en vacances de fin d’année ne soient pas perturbés par la grève des employés de sécurité des aéroports, a indiqué la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse.
« Si cela devait se faire, ça se ferait dans la journée ou d’ici demain, parce que les grands départs ça commence à partir de demain et même de ce soir », a précisé la ministre de l’Ecologie et des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet.
Dans la matinée, la situation était normale dans les deux aéroports parisiens, où aucune annulation de vol n’était prévue, a-t-on appris auprès de leur gestionnaire, Aéroports de Paris.
Tous les vols devaient également être assurés à Lyon.
Disant vouloir mettre fin aux désordres liés à des grèves à répétition lors des grands départs en vacances, le gouvernement a apporté son soutien à une proposition de loi dont l’examen est prévu le 24 janvier à l’Assemblée.
Les pilotes prêts à la grève
Le texte prévoit d’étendre au transport aérien le cadre prévu dans le transport ferroviaire. Les salariés qui souhaitent faire grève devraient ainsi le dire deux jours à l’avance afin de permettre à leurs employeurs de faire face aux pénuries de personnel.
Le recours éventuel aux forces de l’ordre a suscité de vives réactions. Les deux principaux syndicats de policiers ont appelé en vain le gouvernement à revenir sur sa décision.
« Les policiers n’ont pas vocation à devenir des briseurs de grève », a déclaré aux journalistes Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP-police.
Force ouvrière dénonce une atteinte au droit de grève et rappelle son opposition à la proposition de loi déposée par le député Eric Diard.
« Cette proposition de loi doit être retirée sans délai car elle porte à la fois atteinte au droit de grève et vise aussi à discréditer l’action collective des salariés », déclare la centrale dans un communiqué.
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), principal organisation de pilotes, va déposer un préavis de grève au début février pour exiger le retrait de la proposition de loi visant à encadrer le droit de grève dans le transport aérien.
« Il est intolérable que le gouvernement, pour masquer ses propres insuffisances, stigmatise, entre autres, notre population pilote en lui restreignant son légitime droit de grève », écrit le SNPL sur son site internet.
Deux syndicats d’hôtesses et de stewards devraient se joindre au mouvement.