Des manifestants qui protestaient contre les dommages environnementaux provoqués, selon eux, par une centrale thermique dans la province de Guangdong (sud), ont été violemment frappés par les forces de l'ordre.
AFP - Une manifestation contre une centrale thermique accusée de polluer l'environnement dans une ville du sud de la Chine, Haimen, a dégénéré, la police anti-émeute frappant brutalement les protestataires et les repoussant avec des gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins.
Ces violences se sont déroulées dans la province du Guangdong (sud), où est concentrée une part importante de l'industrie manufacturière chinoise travaillant pour les exportations, et où une série de conflits sociaux ont éclaté ces dernières semaines.
Des protestataires parlant par téléphone à l'AFP ont affirmé qu'un adolescent de 15 ans avait trouvé la mort et que plus de cent autres manifestants avaient été violemment frappés par les forces de l'ordre.
L'AFP n'a pas été en mesure de confirmer ces faits de façon indépendante. Les autorités locales n'ont pas répondu à des appels téléphoniques de l'AFP et une femme contactée au Bureau de sécurité publique de Haimen a nié que des troubles aient éclaté dans la ville.
La ville de Haimen se trouve à environ 115 kilomètres au nord-est de Wukan, un village actuellement en rébellion contre les dirigeants locaux qu'ils accusent de corruption, mais il n'est pas évident que ces deux poussées de fièvre soient liées.
Des photos mises en ligne ont montré des manifestants qui ont investi ou ont fait irruption dans des bâtiments gouvernementaux, tandis que de nombreux policiers équipés de matraque et de bouclier ont été déployés le long d'un axe routier.
"Ils nous tirent encore dessus des gaz lacrymogènes, de nombreuses personnes sont en train de pleurer alors qu'elles gisent par terre", a décrit un manifestant.
"S'ils continuent nous reviendrons demain pour continuer à protester", a-t-il poursuivi par téléphone.
Quelque 10.000 résidents avaient peu avant décidé de bloquer cette autoroute pour protester contre les dommages à l'environnement provoqués selon eux par une centrale d'électricité au charbon, a relaté un autre protestataire.
"Nous exigeons le déménagement de cette centrale thermique. De nombreux résidents ici souffrent de maladies telles que le cancer", a expliqué un résident.
La presse officielle avait rapporté le mois dernier que des installations d'une centrale à Haimen avaient été considérées comme très polluantes, dépassant les normes autorisées.
L'environnement est souvent sacrifié en Chine sur l'autel de la croissance et de l'industrialisation et il n'est pas rare que des pollutions industrielles soient à l'origine de soulèvements.
Les autorités de la ville de Dalian (nord-est) ont ainsi accepté cette année de déménager une usine de produits chimiques, après de vives protestations des riverains.
Les villageois de Wukan ont eux promis de manifester encore mercredi si trois de leurs leaders actuellement sous les verrous ne sont pas libérés et si le corps d'un quatrième, mort en détention, n'est pas rendu à sa famille.
Tous ces événements évoquent d'autres récentes manifestations violentes en Chine, particulièrement dans le Guangdong où des dizaines de millions d'ouvriers migrants font tourner les usines de "l'atelier du monde" chinois.
Ces troubles mettent à mal le thème central de "société harmonieuse" que tente de promouvoir le pouvoir chinois, alors qu'une nouvelle génération de leaders communistes doit prendre ses fonctions l'an prochain.