
Au lendemain de la mort de Kim Jong-il, la communauté internationale, notamment les pays d'Extrême-Orient et les États-Unis, invite la Corée du Nord, un des derniers régimes communistes, à s'engager dans une nouvelle ère de paix.
La période de transition qui s’est amorcée en Corée du Nord à la suite de la mort de Kim Jong-il plonge la communauté internationale dans l'expectative. Depuis l’annonce de son décès, lundi, réunions et entretiens téléphoniques se multiplient entre les puissances influentes d'Extrême-Orient, signe d’une inquiétude palpable.
Agitation diplomatique
Mardi, le ministre chinois des Affaires étrangères s'est ainsi entretenu par téléphone avec son homologue sud-coréen Kim Sung-hwan et la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. Tous trois "ont convenu qu'il était important de maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne, mais aussi de conserver "d'étroits contacts", a indiqué le porte-parole de la diplomatie chinoise, Liu Weimin.
La Chine, le plus puissant des rares alliés de Pyongyang, a officiellement adoubé Kim Jong-un, successeur désigné de son père, et appelé les Nord-Coréens à s’unir derrière leur nouveau dirigeant. Pékin milite, en effet, pour une transition politique en douceur.
"Nous croyons que sous la direction du Parti des travailleurs de Corée et du camarade Kim Jong-un, la population de République populaire démocratique de Corée va se souder et puiser de la force dans son chagrin", a ainsi déclaré le chef de la diplomatie chinoise Yang Jiechi. Un message largement relayé par les média locaux, qui prônent la continuité chez le voisin communiste.

Dès lundi, les États-Unis ont fait le vœu que Pyongyang sorte de son isolement international et que les autorités nord-coréennes fassent le choix de "conduire leur pays sur la voie de la paix en honorant les engagements de la Corée du Nord". Washington a également activé le volet diplomatique au plus haut niveau pour rassurer leurs alliés régionaux, Japon et Corée du Sud en tête. Le président Barack Obama a ainsi jugé bon d’assurer au Premier ministre nippon, Yoshihiko Noda, et au président sud-coréen, Lee Myung-Bak, que son pays ne manquerait pas de défendre ses alliés dans la région.
Séoul et Tokyo en première ligne
Depuis l’annonce du décès de Kim Jong-il, Séoul et Tokyo ont montré de nombreux signes d’inquiétude. En état de conflit armé avec Pyongyang depuis l'armistice signé à l'issue de la guerre de Corée (1950-1953), Séoul a placé son armée en état d’alerte et sollicité l’aide de l’allié américain, qui maintient 28 500 soldats sur son territoire, afin d'accroître la surveillance, par satellite et par avion, de sa frontière nord. Mardi, une réunion des ministres sud-coréens, chargés de la diplomatie et de la sécurité, a par ailleurs été consacrée à la manière dont le pays devait réagir à la disparition de Kim Jong-il.
Autre voisin honni de la Corée du Nord, le Japon, qui n'a jamais entretenu de relations diplomatiques avec Pyongyang, paraît aussi soucieux. Une réunion de sécurité présidée par le Premier ministre a ainsi été convoquée en urgence, lundi, à Tokyo, à l’issue de laquelle les membres du gouvernement ont été invités à se préparer à toute conséquence inattendue.
Menace nucléaire
Autant de réactions qui peuvent paraître disproportionnées compte tenu qu'aucun mouvement inhabituel de l'armée nord-coréenne n'a été enregistré ces dernières heures, et que la mort du dirigeant est survenue le jour même où son pays acceptait de suspendre son programme d'enrichissement de l'uranium à des fins militaires. Une condition que les Américains avait fixée comme tout préalable à la reprise de négociations sur le désarmement et l'aide alimentaire.
Cependant habitué aux réactions imprévisibles et aux volte-face du régime, l’Occident préfère rester sur ses gardes. En effet, dotée d'une armée estimée à 1,2 million d’hommes pour une population de 24 millions d'habitants, Pyongyang représente toujours une menace pour ses alliés asiatiques. Le tir d’essai d’un missile à courte portée au large des côtes orientales nord-coréennes auquel Pyongyang a procédé lundi est venu opportunément le rappeler…
Quant à la Chine, qui ne cesse de réaffirmer son soutien au nouveau leader nord-coréen, elle n’a qu’une crainte : qu’un effondrement du régime ne jette sur les routes des millions de réfugiés susceptibles de venir déstabiliser la frontière qu’elle partage avec la République populaire démocratique de Corée…