Les derniers soldats de l'armée des États-Unis ont quitté l'Irak ce dimanche, à l'aube, et se sont rendus dans l'émirat voisin du Koweït. Ce départ achève ainsi le retrait total d'un pays occupé depuis près de neuf ans.
Le dernier véhicule militaire américain à quitté le territoire irakien ce dimanche 18 décembre au matin, près de neuf ans après l’invasion du pays par les Etats-Unis. Déclenchée en mars 2003 pour renverser le dictateur Saddam Hussein, la guerre a coûté la vie à près de 4 500 Américains et à des dizaines de milliers d'Irakiens.
Au total, le Pentagone a dépensé 770 milliards de dollars dans cette opération militaire, sans compter les frais annexes liés à l'aide humanitaire et économique, ainsi qu’à la prise en charge des blessés et des anciens combattants. Les Etats-Unis laissent derrière eux un pays fragile, en proie à une crise politique et à de vives tensions communautaires.
itLes Irakiens "entre joie et appréhension "
"On ressent un mélange de joie et d’appréhension", témoigne l’envoyé spécial de France 24 en Irak, James André. "Si la plupart des Irakiens se réjouissent de la fin de l’occupation et d’être à nouveau souverains, les réactions différent selon que l’on interroge des chiites ou des sunnites", explique-t-il. Selon lui, la majorité des chiites se réjouissent d’être "débarrassés des Américains" et d’avoir désormais en main "les clés du pays". En revanche, dans les provinces ou dans les quartiers sunnites - cette branche de l’Islam minoritaire en Irak dont était issu Saddam Hussein -, c’est surtout l’inquiétude qui prévaut. "Les gens se sentent marginalisés dans ce nouvel Irak et, par-dessous tout, ils craignent pour leur sécurité", relève James André.
Issu de la majorité chiite du pays, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, peine à réconcilier les différentes forces politiques du pays. S’estimant lésés, sunnites et kurdes sont tentés par davantage d’autonomie et font peser le risque d’un éclatement du pays - qui subit par ailleurs l'influence du voisin iranien.
Si les violences ont baissé en intensité, la menace de voir se répéter les affrontements entre chiites et sunnites, qui avaient fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007, est par ailleurs toujours bien réelle.
Un retrait "relatif "
L'armée américaine, qui a compté jusqu'à 170 000 hommes au plus fort de sa présence, laisse la place aux 900 000 éléments des forces irakiennes, qui auront la tâche d'assumer la sécurité. "Celles-ci sont infiniment mieux préparées qu’en Afghanistan", analyse l’écrivain et géopolitologue Gérard Chaliant. Interrogé sur l’antenne de France 24, il assure que l’hypothèse d’une guerre civile entre chiites et sunnites est bien réelle, mais que les Américains ont cependant "tout fait pour avoir un noyau de troupes irakiennes opérationnel, qui pourrait se révéler bien utile si ce dessine un éventuel conflit interne".
Selon lui, le retrait des troupes américaines n’est que "relatif". Il précise en effet qu’une "force résiduelle" continue d’opérer dans le pays : "Les Américains sont ‘officiellement’ partis mais l’hebdomadaire britannique ‘The Economist’ indiquait la semaine dernière que 19 000 personnes travaillent toujours à l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad et que près de 6 000 membres des forces de sécurité sont toujours présentes dans le pays."
Le départ des troupes américaines d’Irak constituait l’une des promesses de campagne du président américain Barack Obama, qui avait ensuite confirmé un retrait intégral le 21 octobre dernier. Le chef de l’Etat américain avait hérité de ce conflit, initié par son prédécesseur, George W. Bush, et qui avait entaché l'image des Etats-Unis dans le monde. Lancée sans l'aval de l'ONU, cette guerre avait pour objectif de s’emparer des armes de destruction massives de Saddam Hussein. Il s'est avéré depuis qu’elles n'existaient pas.