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Alors que le Pakistan, ulcéré par une bavure de l'Otan fin novembre, s'est retiré de la coopération internationale sur la sécurisation de l'Afghanistan, les États-Unis envisagent de forcer la main d'Islamabad en employant le levier financier.

REUTERS - Les Etats-Unis ont fait un pas de plus lundi soir vers le gel de 700 millions de dollars d’aide au Pakistan pour contraindre Islamabad à coopérer dans la lutte contre l’utilisation d’engins explosifs contre les troupes américaines et étrangères déployées en Afghanistan.

Cette mesure, prévue dans un projet de loi sur la défense qui devrait être adopté cette semaine, devrait peser sur les relations entres Washington et Islamabad, déjà tendues depuis l’opération américaine au Pakistan en mai qui s’est soldée par la mort d’Oussama ben Laden.

Les 700 millions de dollars ne représentent qu’une infime partie des 20 milliards de dollars d’aide économique et de l’assistance dans le domaine de la sécurité accordés par les Etats-Unis au Pakistan chaque année depuis 2001.

Un panel du Congrès américain s’est prononcé lundi soir en faveur du gel de cette aide pour accentuer la pression sur Islamabad alors que les engins explosifs continuent de faire des ravages dans les rangs des troupes étrangères déployées dans la région.

Les Etats-Unis « veulent des garanties sur la lutte du Pakistan contre les engins explosifs qui visent les forces de la coalition », a déclaré un élu républicain à la Chambre des répresentants, Howard McKeon, à la presse.

La plupart de ces engins explosifs sont fabriqués à partir de nitrate d’amonium qui fait l’objet d’un système de contrebande le long de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan.

Selon un rapport publié par le service de recherche du Congrès en octobre, plus de 300.000 de tonnes métriques de nitrate d’amonium sont produites chaque année depuis 2004 dans les usines pakistanaises.

Les Etats-Unis pressent depuis plusieurs années le Pakistan d’imposer une régulation plus stricte dans sa distribution de nitrate d’amonium à l’Afghanistan.

Si le gel de l’aide était adopté en l’état cette semaine, le Pakistan pourrait durcir son attitude à l’égard de Washington, estiment les observateurs.

“Je pense que le Pakistan va considérer le gel comme un signal indiquant qu’il n’est pas seulement question de l’aide”, estime l’ancien général et spécialiste de la sécurité, Talat Masood. “L’attitude des Etats-Unis et les relations entre les deux pays pourraient être affectées par ces mesures parce que (Washington) sait que le Pakistan ne sera pas en mesure de contrôler le trafic” de nitrate d’amonium.