La grève générale contre l'austérité lancée par les deux principales centrales syndicales ont fortement perturbé l'ensemble des services publics portugais. Des milliers de personnes ont manifesté jeudi dans les rues de Lisbonne.
AFP - Une grève générale a fortement perturbé les transports, les aéroports et les services publics, jeudi au Portugal où des milliers de grévistes ont manifesté contre la politique de rigueur appliquée par le gouvernement en échange d'une aide financière.
Les principaux aéroports du pays ont été pratiquement paralysés, des centaines de vols ont été annulés, tandis que le métro de Lisbonne et le service des navettes fluviales n'ont pas circulé provoquant d'importants embouteillages aux heures de pointe dans la capitale.
L'agence de notation financière Fitch a abaissé jeudi la note de crédit du Portugal, pour la placer en catégorie spéculative.
La note est ramenée de BBB- à BB+ avec perspective négative.
Fitch, qui estime que le Portugal sera en contraction économique de 3% en 2012, observe que d'importants déséquilibres budgétaires et une dette élevée font que la note souveraine du pays n'est plus compatible avec la catégorie investissement. (Reuters)
Dans l'ensemble du pays de nombreuses écoles, bureaux de postes, agences bancaires et services hospitaliers ont été fermés tandis que les services de voirie n'ont pas été assurés.
"Cette grève a eu une forte adhésion", s'est félicité Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, en s'adressant aux grévistes ayant participé à l'une des nombreuses manifestations convoquées par les syndicats et les mouvements des "indignés" ayant eu lieu dans tout le pays.
"Ni moins de salaire, ni plus d'horaire", "l'offensive est brutale, la grève est générale !", ont scandé à Lisbonne des milliers de personnes en colère.
En fin d'après-midi des brèves échauffourées ont eu lieu au pied des marches du Parlement où des manifestants, rapidement contrôlés par les forces de l'ordre, ont renversé des barrières.
Dans la matinée, des incidents avaient déjà été enregistrés à Lisbonne, où des inconnus ont attaqué deux trésoreries à coup de cocktails molotov et pots de peinture sans faire de victimes ni de dégâts importants, selon la police.
Cette grève générale, la septième depuis le retour de la démocratie au Portugal en 1974, a été convoquée par les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT.
Le gouvernement s'est engagé dans un plan de rigueur pour assainir ses finances et relancer son économie en échange d'une assistance financière de 78 milliards d'euros accordée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
Outre des augmentations de la TVA et des hausses des prix des transports, l'austérité touchera principalement les fonctionnaires dont les salaires ont été gelés et qui, l'année prochaine, perdront deux de leurs 14 mois de salaire. Dans le privé, la journée de travail pourra être augmentée d'une demi-heure.
Selon des estimations officielles, la rigueur devrait entraîner l'année prochaine une contraction de 3% de l'économie et un chômage record de 13,4%.
Au moment où le Portugal tournait au ralenti en raison de la grève, l'agence Fitch a abaissé d'un cran la note du pays -de "BBB-" à "BB+"- et l'a assorti d'une perspective négative, le reléguant ainsi dans la catégorie des pays à risque.
Une polémique s'est engagée autour de la participation à la grève générale. Le gouvernement a affirmé en fin de matinée qu'à peine 3,6% des fonctionnaires gouvernementaux avaient répondu à l'appel, au grand dam des syndicats selon lesquels la grève a connu une ampleur comparable à celle de l'année dernière, qui avait mobilisé plus de trois millions de personnes.
"Les chiffres du gouvernement sont complètement irréels et le décrédibilisent", a estimé Joao Proença, leader de l'UGT.
"La grève qui a lieu aujourd'hui n'est pas pour nous une guerre de chiffres", a répliqué Miguel Relvas, ministre porte-parole du gouvernement. La "situation dans laquelle se trouve le Portugal ne pourra être surmontée que par la voie de la rigueur et de l'exigence", a-t-il ajouté.