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Le FMI se dote d'un nouvel instrument de prêt pour lutter contre la contagion

Comme annoncé lors du G20 de Cannes au début de novembre, le Fonds monétaire international (FMI) a conçu un nouvel outil de crédit afin d'empêcher la propagation des crises économiques et financières.

AFP - Le Fonds monétaire international s'est doté mardi d'un nouvel instrument de prêt mieux adapté aux éventuels besoins de l'Italie mais qui, selon le discours officiel de l'institution, n'a pas été conçu pour elle particulièrement.

L'institution a formellement adopté la création d'un outil annoncé par le G20 lors de son sommet de Cannes au début du mois, la Ligne de précaution et de liquidité (LPL).

La nouveauté est en apparence limitée: cette LPL remplace la Ligne de crédit de précaution créée en août 2010, avec le même plafond et les mêmes exigences pour les Etats membres. Mais alors que l'ancienne ligne était conçue pour être gardée en réserve, la nouvelle est prévue pour être éventuellement utilisée en urgence.

Le FMI espère ainsi "briser les chaînes de la contagion" des crises économiques et financières.

Théoriquement, le FMI peut désormais mettre à disposition de l'Italie 45,5 milliards d'euros sur six mois, sans passer par la procédure plus lourde qui encadre les prêts à trois autres membres de la zone euro, la Grèce, l'Irlande et le Portugal.

Mais il souhaite visiblement ne rien imposer à la huitième économie mondiale.

Des responsables du Fonds ont insisté lors d'une conférence téléphonique sur le fait que l'institution avait travaillé plus d'un an à la conception de ce nouvel outil, qu'il n'était pas conçu sur mesure pour tel ou tel Etat membre, et qu'il convenait bien aux besoins de pays touchés par la crise de la zone euro sans en faire partie.

"La réforme améliore la capacité du Fonds à fournir des financements pour la prévention et la résolution des crises. C'est un pas supplémentaire vers la création d'un filet de sécurité mondial efficace face à des interconnexions planétaires accrues", s'est félicitée la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, dans un communiqué.

Mais du fait des tensions sur le marché de la dette du Vieux continent, les regards se tournent vers le FMI et la Banque centrale européenne (BCE). Ce nouvel instrument a donc immédiatement été interprêté comme destiné à l'Europe.

Dans les vingt minutes qui ont suivi l'annonce, le cours de l'euro est monté de 0,3% par rapport au dollar.

"C'est certainement une nouvelle bienvenue pour l'Europe, mais il est clair qu'en soi, ces fonds sont loin de suffire" pour couvrir les besoins potentiels de Rome, relevait Antonio Garcia Pascual, de la banque Barclays.

Le FMI estimait en septembre les besoins de financement bruts de l'Etat italien à quelque 380 milliards d'euros.

Selon cet analyste, la création de la LPL doit être vue "comme faisant partie d'un plan plus large qui inclurait le FESF [Fonds européen de stabilité] et éventuellement la BCE".

Une autre question est de savoir si l'Italie est intéressée.

Le gouvernement est confronté depuis juillet à une montée brusque des taux d'intérêt auxquels il doit financer sa dette, menaçant de plonger le pays dans une crise qui l'obligerait à solliciter des financements extérieurs.

Mais le nouveau Premier ministre Mario Monti, qui commence à peine le travail de réforme qu'il a promis, s'est donné pour objectif d'assurer la viabilité des comptes publics par son action économique. Une demande de financement au FMI n'apparaît pas dans ses priorités.

"L'Italie peut continuer avec ces taux d'intérêt pendant vraisemblablement un an à peu près. Les Italiens n'ont pas besoin d'argent du FMI, ils ont besoin de prouver qu'ils vont mettre en oeuvre des réformes", souligne Jacob Kierkegaard, économiste du Peterson Institute à Washington.