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Le "gouvernement technique" du nouveau Premier ministre Mario Monti, dont le programme sera régi par la rigueur, a obtenu jeudi soir la confiance du Sénat avec 281 voix sur 307. Vendredi, c'est au tour de l'Assemblée nationale de se prononcer.

REUTERS - Mario Monti a facilement obtenu jeudi soir la confiance du Sénat pour son "gouvernement technique" après avoir promis des réformes à la fois justes et douloureuses pour sortir l'Italie de la crise financière.

Exposant auparavant les grandes lignes de son programme, le nouveau président du Conseil a déclaré à la Haute Assemblée que la survie de l'euro dépendrait en partie de la mise en oeuvre, dans les semaines à venir, de réformes radicales.

L'Union européenne, dont l'Italie est la troisième force économique, est confrontée à l'un des plus graves défis, a prévenu l'ancien commissaire européen à la Concurrence.

Mario Monti a obtenu la confiance du Sénat avec 281 pour et 25 contre. Les élus de la Ligue du Nord, partenaire de l'ancienne coalition de Silvio Berlusconi, se sont prononcés contre.

Vendredi aux alentours de 13h00 GMT, ce sera au tour des députés de se prononcer sur son programme. Ce vote devrait lui être acquis facilement.

"Le gouvernement reconnaît qu'il a été formé pour résoudre une situation d'urgence", a expliqué "Il Professore" en annonçant une série de réformes, forcément impopulaires, dans le domaine de la santé, des retraites et du marché du travail.

Mario Monti, dont l'équipe composée exclusivement de technocrates sans affiliation politique a été investie mercredi au Quirinal, a dit que la Péninsule risquait de voir son avenir dicté par d'autres pays s'il n'agissait pas rapidement.

Jeudi après-midi, il s'est entretenu par téléphone avec le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel de la crise de la zone euro.

Dans un communiqué commun, les trois dirigeants sont tombés d'accord "sur la nécessité d'accélérer la mise en ÷uvre des mesures adoptées tant au niveau de l'Union européenne et des pays de la zone euro que lors du sommet du G20".

"Maillon faible"

Le successeur de Silvio Berlusconi a "confirmé qu'il était totalement déterminé à agir de manière décisive pour assurer la consolidation budgétaire et pour adopter les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance dans le respect de l'équité sociale".

"Nous ne pourrons contribuer aux réformes européennes que si nous cessons d'être considérés comme le maillon faible de l'Europe", a souligné Mario Monti.

Il a dit vouloir engager, face à une "sérieuse urgence", l'assainissement des finances publiques tout en lançant un programme plus durable de "modernisation" du pays.

Il n'a pas exclu d'envisager de nouvelles mesures de rigueur une fois mis en oeuvre le programme d'austérité décidé mais jamais appliqué par Silvio Berlusconi, qui a démissionné le week-end dernier.

"Si nous échouons, (...) le développement spontané de la crise financière nous imposera des conditions encore plus sévères, à nous tous, mais surtout aux catégories les plus exposées de la population", a déclaré Mario Monti.

La dette publique de l'Italie atteint 1.900 milliards d'euros, soit 120% de son produit intérieur brut, et les rendements des obligations italiennes à dix ans sont repassés mercredi au-dessus de 7%, un niveau qui avait contraint la Grèce et l'Irlande à demander une aide financière extérieure.

Berlusconi sort de son silence

Détaillant les objectifs de son gouvernement, Mario Monti, qui cumule les fonctions de chef de gouvernement et ministre de l'Economie, s'est fixé pour but d'améliorer les services publics et d'aider jeunes et femmes à entrer sur le marché du travail.

Il a qualifié d'"anomalie" la suppression par Silvio Berlusconi en 2008 de la taxe foncière sur la résidence principale et s'est engagé à lutter contre l'évasion fiscale et le travail illégal, qui représente selon lui près de 20% du PIB, en réduisant l'utilisation d'argent liquide.

Le président du Conseil a préconisé, en coopération avec les syndicats, une refonte du marché du travail dont il a regretté la dualité, entre des salariés au statut protégé et d'autres en situation précaire.

Il a également promis de réduire le coût de l'administration et les privilèges de la classe politique, d'ouvrir à la concurrence les professions "fermées" et de privatiser les services publics locaux.

Un sondage de l'institut Piepoli publié par le quotidien La Stampa montre qu'il jouit pour l'heure d'un "état de grâce" avec 73% d'opinions favorables, 60% parmi les sympathisants du Peuple de la liberté (PDL, pro-Berlusconi).

Des milliers de personnes dont de nombreux étudiants ont toutefois manifesté jeudi pour protester contre le "gouvernement des banquiers". Des incidents ont été signalés à Milan et Turin.

Sur le plan politique, après plusieurs jours de silence, Silvio Berlusconi a déclaré aux députés de son parti que le nouveau cabinet avait été imposé au pays par le président Giorgio Napolitano et qu'il ne durerait que par la seule volonté du PDL..