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Les grandes puissances de l'AIEA s'accordent sur une résolution visant l'Iran

Les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne ont déposé jeudi une résolution afin de clarifier des aspects du programme nucléaire iranien. Cependant, le texte ne fixe aucune échéance à l'Iran pour obtempérer.

AFP - Les grandes puissances au conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se sont mises d'accord jeudi sur une résolution exprimant "leur profonde inquiétude" sur le programme nucléaire iranien, mais moins ambitieuse que souhaitée au départ par les Occidentaux.

Cette résolution, déposée par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et l'Allemagne ("groupe des 5+1"), "exprime une inquiétude profonde et croissante concernant les questions non résolues du programme nucléaire iranien", selon un texte diffusé en marge de la réunion du conseil, qui dure jusqu'à vendredi.

Leur préoccupation porte aussi sur les questions "devant être clarifiées afin d'exclure l'existence d'une possible dimension militaire", lit-on dans ce document, qui sera soumis vendredi aux délégations des 35 Etats membres du conseil.

Contrairement aux souhaits exprimés au départ par les Occidentaux, la résolution ne fixe néanmoins aucune échéance à l'Iran pour répondre aux inquiétudes.

Elle demande simplement au directeur général de l'agence onusienne, Yukiya Amano, "d'inclure dans son rapport de mars 2012 une évaluation de la mise en oeuvre de cette résolution", qui appelle le pays à coopérer pleinement sur tous les points en suspens.

Dans son dernier rapport, le chef de l'AIEA avait présenté un large faisceau d'éléments, jugés crédibles, indiquant que l'Iran avait travaillé - contrairement à ses dires - la mise au point de l'arme atomique. Téhéran avait rejeté en bloc ces éléments et accusé l'AIEA d'être sous influence américaine.

M. Amano a annoncé parallèlement avoir proposé au vice-président iranien Fereydoun Abbassi l'envoi d'une "mission d'experts de haut niveau" en Iran afin de clarifier les points contenus dans l'annexe du rapport.

"Il est essentiel" que cette mission "réponde aux questions posées dans mon rapport", a-t-il ajouté, appelant l'Iran à s'engager "sans délai" avec l'agence afin d'apporter les "clarifications requises concernant une possible dimension militaire de son programme nucléaire".

Mercredi, le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, avait promis que son pays répondrait de manière "argumentée" à l'AIEA.

Le tout est de savoir quand. M. Amano a dit ne pas s'attendre à une réponse rapide de l'Iran sur sa proposition d'envoi d'une mission, lors d'une conférence de presse. "Mais il ne serait pas approprié de prendre trop de temps", a-t-il jugé.

Les Occidentaux avaient qualifié le dernier rapport de l'AIEA de "tournant", après huit ans d'enquête de l'AIEA sur l'Iran, et exigé une augmentation des pressions sur l'Iran, voire de nouvelles sanctions.

Mais les Russes, qui disaient n'avoir rien vu "de nouveau" dans le document, et les Chinois, dont l'Iran est l'un des principaux fournisseurs d'hydrocarbures, ont fait obstruction, prônant plutôt de redoubler d'efforts au niveau diplomatique.

L'ambassadeur israélien à Vienne a fait part d'une certaine déception. La résolution "pourrait être plus dure", a déclaré Ehud Azoulay à l'AFP.

"Mais c'est la magie de la diplomatie. Si vous voulez avoir tout le monde à bord, vous devez sacrifier quelque chose. J'espère que cela sera une base pour de futures résolutions" au Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-il ajouté.

Le rapport de l'AIEA avait mis à jour les divergences d'approche sur le dossier au sein du groupe des 5+1, chargé des négociations - dans l'impasse depuis des mois - avec Téhéran sur son programme nucléaire.