Un attentat-suicide commis lors des funérailles d'un leader chiite assassiné a provoqué la mort d'au moins 30 personnes dans le nord-ouest du Pakistan, dans un bastion des Taliban, selon la police et des sources hospitalières.
AFP - Au moins 30 personnes ont été tuées vendredi dans le nord-ouest du Pakistan dans un attentat suicide lors des funérailles d'un leader chiite assassiné, dans un bastion des talibans proches d'Al-Qaïda, ont indiqué la police et des sources hospitalières.
L'attentat s'est produit devant une mosquée chiite à Dera Ismaïl Khan, une ville de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) où les chiites sont souvent la cible des violences perpétrées par des groupes de talibans pakistanais sunnites.
"Trente personnes ont été tuées et 65 sont blessées", a déclaré à l'AFP un officier de police, Saadullah Khan. Un précédent bilan faisait état de 20 morts.
L'armée a été déployée dans la ville et un couvre-feu a été immédiatement instauré après que l'attentat eut déclenché un début d'émeutes, les hommes qui assistaient aux funérailles, quasiment tous armés comme c'est la tradition dans cette région, ouvrant le feu de manière aveugle, a assuré un responsable policier.
D'autres ont commencé à jeter des pierres sur les voitures qui passaient, à piller des magasins ou à incendier des bus, ont raconté à l'AFP des témoins, contactés par téléphone.
"Un couvre-feu a été instauré", a confirmé à l'AFP le chef de l'administration du district, Syed Mohsin Shah. "Les militaires ont été appelés en renfort pour soutenir la police", a-t-il ajouté.
L'attentat visait une procession pour les funérailles de Sher Zaman, un religieux chiite assassiné par des hommes à moto jeudi.
Les chiites représentent moins de 20% des quelque 168 millions d'habitants de la République Islamique du Pakistan, le reste appartenant à la communauté sunnite de l'islam.
Le nord-ouest du Pakistan, en particulier les zones tribales qui longent la frontière avec l'Afghanistan, abrite des bastions des talibans pakistanais alliés à des talibans afghans et des combattants étrangers du réseau Al-Qaïda, qui a reconstitué ses forces dans les districts tribaux.
Depuis que les talibans et Oussama ben Laden lui-même ont décrété, à l'été 2007, le jihad à Islamabad, allié-clé des Etats-Unis depuis fin 2001 dans leur "guerre contre le terrorisme", plus de 1.600 personnes ont été tuées dans une campagne sans précédent d'attentats dans tout le pays, des attaques suicide pour la plupart.