Les autorités nigérianes, alertées d'un risque d'attentats par leurs homologues américaines, sont sur le qui-vive. Vendredi, au moins 150 personnes ont trouvé la mort lors d'une série d'attaques dans le nord du pays.
AFP - Les forces de l'ordre au Nigeria étaient sur le qui-vive lundi après des attaques d'islamistes, qui ont fait au moins 150 morts dans le nord-est, et une mise en garde des USA contre de possibles attentats dans la capitale fédérale Abuja.
A Abuja, des points de contrôle avaient été dressés et des soldats demandaient aux automobilistes d'ouvrir capot et coffre pour des fouilles, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'ambassade des Etats-Unis a averti dimanche qu'elle disposait d'informations selon lesquelles la secte islamiste Boko Haram pourrait prévoir d'y perpétrer ces jours-ci des attentats.
Boko Haram a revendiqué la vague d'attaques de vendredi qui a secoué en particulier la ville de Damaturu (nord-est), y faisant au moins 150 morts, selon une source au sein des services de secours.
Le mouvement est particulièrement actif dans le nord-est mais a déjà frappé très fort à Abuja où il a revendiqué l'attentat suicide contre le siège des Nations unies le 26 août, tuant 24 personnes.
La Grande-Bretagne a revu dimanche ses conseils de voyage, estimant qu'il y avait "une menace accrue d'attaque terroriste durant le week-end de l'Aïd (...) dans les Etats septentrionaux du Nigeria", selon un communiqué du Foreign Office.
En prévision d'éventuels troubles lors de la grande fête musulmane de l'Aïd al-Adha, qui a été célébrée dimanche, la police avait été placée dès vendredi en "état d'alerte rouge" à travers le pays.
Ce dispositif est "toujours en place. Nous surveillons de près l'ensemble du territoire, nous ne prenons aucun risque, en particulier à Abuja", a déclaré lundi à l'AFP un porte-parole de la police, Yemi Ajayi.
Quelque 13.000 hommes ont été déployés dans la capitale.
Des points de contrôles ont été dressés aux abords de grands hôtels d'Abuja pouvant être la cible d'attaques d'après les USA qui ont mentionné le Sheraton, le Hilton et le Nicon Luxury.
Selon Washington, la menace concerne la période de célébration de l'Aïd al-Adha. Lundi et mardi sont fériés au Nigeria en raison de cette fête.
"actes atroces"
Les services de renseignement de la police nigériane (SSS) ont cependant souligné dans un communiqué lundi que "la menace actuelle contre trois hôtels n'est pas une nouveauté, depuis plus de trois mois les services de sécurité ont pris des mesures pour protéger ces lieux ainsi que d'autres".
Vendredi soir, Damaturu - capitale de l'Etat de Yobe- a été secouée par plusieurs attaques contre des postes de police et des églises, dont une menée par un kamikaze. Le QG de la police a été détruit et les assauts ont été suivis de combats entre assaillants et forces de l'ordre.
Quelques heures auparavant, quatre kamikazes s'étaient fait exploser à Maiduguri, capitale de l'Etat voisin de Borno. Ils ont notamment ciblé une base militaire et l'office des services de renseignement de la police, sans faire de victimes.
Le président nigérian Goodluck Jonathan a dénoncé des "actes atroces" et a appelé les musulmans du pays à prier pour la paix.
Sur le plan international, les condamnations ont été unanimes, allant de l'ONU à l'Organisation de coopération islamique (OCI, 57 membres).
Lundi soir, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a vivement condamné ces "attaques gratuites et odieuses".
Elle a présenté ses condoléances aux proches des victimes et affirmé sa solidarité envers les autorités nigérianes "dans leurs efforts pour faire face au défi posé par Boko Haram en termes de droits de l'Homme et de respect de la loi".
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 160 millions d'habitants, compte à peu près autant de musulmans, majoritaires dans le nord, que de chrétiens, plus nombreux dans le sud.