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Les pays les plus riches de la planète, initialement réunis au sommet du G20 à Cannes pour trouver une réponse coordonnée à la récession mondiale, se sont concentrés sur l'instabilité de la zone euro qui inquiète les partenaires de l'Europe.

REUTERS - La crise grecque et ses conséquences sur la zone euro ont pris le dessus jeudi sur les enjeux du G20, réuni en sommet à Cannes pour se pencher sur l’état économique du monde.

Selon Nicolas Sarkozy, les tourments de la zone euro ont constitué l’essentiel des débats des premières séances de travail après avoir été l’objet le matin d’un mini-sommet des pays européens du G20 concernés et des dirigeants des institutions européennes.

Barack Obama y avait également consacré dans la matinée une partie des entretiens bilatéraux qu’ils a eus avec le président français et la chancelière Angela Merkel.

"L’aspect le plus important de notre tâche pendant les deux prochains jours est de résoudre la crise financière, ici en Europe", a déclaré à la presse le président américain.

Parallèlement aux débats du G20, les ministres des Finances français, allemand et italien et le commissaire européen aux affaires économiques Ollie Rehn ont planché sur l’accélération de la mise en place des nouvelles modalités d’action du Fonds européen de stabilité financière (FESF), l’instrument de gestion de crise de la zone euro.

Signe de l’inquiétude des pays extérieurs à la zone, le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Timothy Geithner, a participé à cette réunion purement européenne.

Les partenaires de l’Europe se montrent d’autant plus inquiets que l’Italie manifeste à son tour, mais à l’échelle de la troisième économie européenne, des signes de faiblesse.

Berlusconi tente de rassurer le G20 

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi a tenté de les rassurer sur la capacité de son pays à rembourser sa dette, bien qu’il n’ait pas réussi la veille à faire adopter par son gouvernement des mesures anti-crise.

Dans un projet de plan d’action globale pour la croissance examiné à Cannes, l’Italie s’engage à approcher l’équilibre budgétaire en 2013 et à réduire rapidement son ratio de dette publique par rapport au PIB (120% actuellement) à partir de 2012.

"Il y a maintenant des discussions (au G20) sur l’érection d’un pare-feu autour de pays comme l’Italie et l’Espagne", a déclaré un responsable indien.

Selon Nicolas Sarkozy, une autre réunion sur la crise de la zone euro était prévue après le dîner. "Nous avons d’autres problèmes à traiter car il faut absolument que la zone euro envoie au monde entier un message de crédibilité", a-t-il dit lors d’une conférence de presse en fin d’après-midi.

"Quand nous prenons une décision, elle doit être appliquée, quand nous fixons une règle elle doit être respectée dans des délais brefs et de façon ferme", a ajouté le président français dans une allusion transparente à la Grèce.

Il s’est réjoui de voir l’ultimatum adressé mercredi par lui-même et Angela Merkel au Premier ministre grec, menacé de voir son pays privé d’aide s’il ne mettait pas en oeuvre le plan de sauvetage financier adopté le 27 octobre à Bruxelles, avoir l’effet d’un "électrochoc positif".

De retour à Athènes, George Papandréou a laissé entendre qu’il pourrait renoncer au projet de référendum sur ce plan qui a enflammé les marchés financiers et suscité la colère de ses partenaires européens (voir et .

Barack Obama a pour sa part apporté son soutien au plan européen de sauvetage financier de la Grèce.

Divergences sur la taxation des transactions

"L’Union européenne a fait des pas importants vers une solution globale", a-t-il déclaré. "Mais ici, au G20, nous allons devoir rentrer plus dans les détails sur la façon dont le plan sera mis en place, en totalité et de façon décisive."

De leur côté les "Brics" (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont convenus de définir une position commune sur la crise de l’euro, selon une source officielle russe.

Ce sommet, qui continue vendredi, devait initialement se consacrer à la recherche d’une réponse coordonnée à la crise qui ébranle les pays riches pour éviter une paralysie mondiale. Mais l’instabilité de la zone euro est, de toute évidence, devenue une partie importante du problème.

Figurent également au menu de ses travaux le financement du développement, la régulation des marchés financiers, la lutte contre la volatilité des prix des matières premières et la réforme du système monétaire international (SMI).

Selon un projet de communiqué final obtenu par Reuters, le G20 s’engage à travailler à la mise en place d’un SMI reflètant mieux le poids des économies émergentes.

Il juge aussi nécessaire d’ajuster le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international pour mieux refléter l’évolution des rôles des monnaies - un pas vers une meilleure intégration de devises comme le yuan chinois.

Ce projet ne dit rien d’une flexibilité accrue des taux de change voulue par les Etats-Unis et combattue par la Chine.

Les dirigeants du G20 doivent aussi évoquer la création d’une taxe sur les activités financières. Un sujet sur lequel Nicolas Sarkozy a admis l’existence de profondes divergences.

"Certains pays y sont très opposés", a-t-il dit. Il a en revanche salué la "compréhension" de Barack Obama en la matière et le fait que le Brésil et l’Argentine n’aient pas d’opposition de principe.