
L'Unesco a appelé mercredi Washington à maintenir sa participation au financement de l'agence. En réaction à l'admission de la Palestine à l'Unesco, les États-Unis avaient immédiatement annoncé la suspension de leurs versements.
AFP - La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a appelé mercredi les Etats-Unis à "trouver un moyen" de continuer à financer l'organisation, après l'annonce de la suspension de leur contribution en réponse à l'adhésion des Palestiniens votée lundi.
"J'en appelle à l'administration américaine, au Congrès et au peuple américain pour trouver un moyen de poursuivre l'aide apportée à l'Unesco en cette période troublée", a déclaré Irina Bokova dans un communiqué.
"Dans une période marquée par la crise économique et les transformations sociales, je crois que le travail vital de l'Unesco en vue de promouvoir une stabilité mondiale et les valeurs démocratiques se trouve au coeur même des intérêts américains", a-t-elle ajouté.
L'admission de la Palestine comme membre à part entière de l'Unesco, lors d'un vote lundi à Paris, a entraîné le gel des financements américains en vertu de deux lois votées au début des années 1990 par le Congrès.
Les Etats-Unis, grand allié d'Israël, avaient alors interdit tout financement d'une agence de l'ONU qui admettrait les Palestiniens en tant que membres, en l'absence d'un accord de paix au Proche-Orient.
Washington verse 80 millions de dollars par an à l'Unesco, soit 22% de son budget.
"L'Unesco se félicite du fait que les Etats-Unis restent membre de l'Organisation et espère qu'une solution concernant le financement sera bientôt trouvée. En attendant, il nous sera impossible de maintenir notre niveau d'activité actuel", a dit mercredi Irina Bokova.
"La suspension annoncée de la contribution américaine pour 2011 affectera immédiatement notre capacité à maintenir nos programmes dans des domaines critiques: atteindre l'éducation universelle, apporter un soutien aux nouvelles démocraties et lutter contre l'extrémisme", a-t-elle affirmé.
Les Etats-Unis ont annoncé lundi qu'ils suspendaient un versement de 60 millions de dollars prévu ce mois-ci.
"Les financements américains permettent à l'Unesco de développer et rendre viables des médias libres et concurrentiels en Irak, en Tunisie et en Egypte", a par exemple plaidé Irina Bokova.
"En Afghanistan, le soutien des Etats-Unis aide l'Unesco à alphabétiser des milliers d'officiers de police. Les programmes d'alphabétisation de l'Unesco dans d'autres zones de conflit donnent aux populations des outils de pensée critique et la confiance dont elles ont besoin pour lutter contre l'extrémisme violent", a-t-elle ajouté.
"L'Unesco est la seule agence des Nations Unies disposant d'un mandat pour promouvoir l'éducation relative à l'Holocauste dans le monde. Grâce à des fonds versés par les Etats-Unis et Israël, l'Unesco développe des programmes scolaires pour faire en sorte que l'Holocauste ne soit jamais oublié", a-t-elle poursuivi.
Basée à Paris, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) est devenue la première agence onusienne à admettre les Palestiniens comme membres à part entière. Remportant une victoire diplomatique dans la quête de la reconnaissance internationale de leur Etat, les Palestiniens ont été soutenus par 107 des 195 Etats de l'Unesco, 52 s'abtenant et 14 votant contre.
La France a appelé mercredi les Etats qui y songeraient "à ne pas suspendre leurs participations budgétaires". Outre les Etats-Unis, Israël, qui a vivement réagi au vote de l'Unesco, envisage de couper ses financements.