La Ligue arabe demande à la Syrie l'arrêt "immédiat" de la violence, le retrait des chars et un dialogue au Caire entre le régime et l'opposition. Damas doit apporter sa réponse ce lundi. La répression a causé plus de 3 000 morts depuis mars.
AFP - La Ligue arabe attendait lundi une réponse du pouvoir syrien à sa demande d'un retrait des chars des villes en pointe de la contestation populaire et d'un dialogue national au Caire, le Qatar sommant le régime de Bachar al-Assad de cesser les "tergiversations".
Au lendemain d'une nouvelle journée de manifestations qui a fait sept morts en Syrie, le patron de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a révélé à l'AFP à Doha que le plan soumis à la délégation de Damas portait sur un "arrêt immédiat" de la violence et le "retrait des chars" afin "d'adresser un message rassurant à la rue syrienne".
Il stipule également, a-t-il ajouté, "l'amorce au Caire d'un dialogue national entre toutes les composantes de l'opposition et le régime", ce que Damas refusait jusqu'à présent.
Le comité ministériel de la Ligue arabe a soumis ce plan dimanche au ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem à Doha, la capitale du Qatar.
Le Premier ministre du Qatar et président du comité, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, a indiqué que la délégation syrienne avait promis de fournir lundi la réponse de M. Assad, confronté depuis plus de sept mois à une révolte sans précédent.
La délégation syrienne était injoignable lundi matin et tenait des réunions bilatérales avec plusieurs ministres arabes à Doha, mais un diplomate arabe qui a requis l'anonymat a fait état de son "optimisme prudent".
Réagissant aux déclarations du président syrien selon lequel toute intervention occidentale contre son pays provoquerait un "tremblement de terre" au Proche-Orient, cheikh Hamad a affirmé que "l'ensemble de la région est exposée à une grande tempête".
"Il est important que les dirigeants sachent comment se comporter (mais) pas par des tergiversations et des tromperies", a-t-il averti, ne mâchant pas ses mots à l'égard du régime syrien.
Le Premier ministre du Qatar a souligné que le comité ministériel sur la Syrie se réunirait mercredi au Caire, siège de la Ligue arabe, "qu'il y ait accord ou pas".
La réunion de dimanche s'est tenue dans un climat tendu, la Ligue arabe ayant exprimé dans un message à M. Assad son "rejet des meurtres de civils". Le pouvoir à Damas avait répliqué en se déclarant "étonné que le comité arabe ait basé sa position sur les mensonges diffusés par les chaînes de télévision qui incitent" à la violence.
Sur le terrain, les opérations menées par les forces de sécurité chargées de la répression ont parallèlement continué avec la mort d'un civil par un tireur embusqué à Homs, un des foyers de la contestation dans le centre du pays, et la dispersion à balles réelles d'une manifestation à l'Université de Deraa (sud), selon l'OSDH.
Dimanche, sept civils ont été tués dans la répression en Syrie où les militants pro-démocratie avaient appelé à des manifestations pour réclamer le gel par la Ligue arabe de l'adhésion de la Syrie.
Le régime syrien qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et attribue les violences dans le pays à des "gangs terroristes" ne cesse de réprimer les protestataires qui réclament le départ de M. Assad depuis le 15 mars. Plus de 3.000 personnes y ont péri selon l'ONU.
L'insurrection populaire tend désormais à se transformer en conflit armé avec la multiplication des affrontements entre soldats, membres des forces de sécurité et déserteurs, qui ont fait des dizaines de morts ces derniers jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni.
Les défections se sont multipliées dans les rangs de l'armée, de nombreux déserteurs rejoignant l'"Armée syrienne libre", une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet.