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Les Tibétains n'excluent plus une radicalisation de leur lutte

Après les échecs à répétition infligés par les autorités chinoises dans les négociations sur l'autonomie du Tibet, les Tibétains en exil se sont réunis. Rassemblés dans le nord de l'Inde, ils envisagent une radicalisation de leur lutte.

Le dalaï-lama a admis en octobre qu’il avait "abandonné" ses efforts pour convaincre Pékin d’accorder davantage d’autonomie au Tibet. A son initiative, les dirigeants tibétains en exil se sont dont réunis dans le nord de l’Inde pour revoir leur stratégie devant la détermination de la Chine.

La réunion, qui doit durer toute la semaine, pourrait favoriser les partisans de l’indépendance du Tibet. Parmi eux, le Tibetan Youth Congress (TYC), une organisation fondée dans les années 1970 qui prône la "lutte pour l’indépendance totale du Tibet, même au prix d’une vie humaine".

Tenzin Norsang, secrétaire adjoint du mouvement, a déclaré à FRANCE 24 que son organisation voulait désormais "intensifier la lutte pour l'indépendance". Une option qui, selon un sondage non officiel réalisé par le gouvernement en exil, séduit le tiers des Tibétains de Chine

Peu d’espoirs subsistent désormais quant à un aboutissement des négociations avec Pékin. Chinois et représentants tibétains se sont rencontrés huit fois depuis 2002 pour évoquer le sort du Tibet. Aucun accord n’a encore été trouvé.

Abandonner la voie du milieu ?

A la fin des dernières négociations en novembre 2008, Zhu Weiqun, haut responsable du Parti communiste chinois chargé des relations extérieures, a affirmé, selon l’agence de presse officielle chinoise, que le dalaï-lama a pour objectif d’accéder à une indépendance pure et simple du Tibet, quelle que soit sa stratégie. Une solution inacceptable pour le gouvernement central.

Kate Saunders, la directrice de communication de l’ONG International Campaign for Tibet, a pu suivre les discussions des délégués dans les coulisses. Selon elle, les discussions sont vives concernant une éventuelle proclamation de l’indépendance.

Si les Tibétains en exil optent pour une radicalisation de leur lutte, ils peuvent perdre les soutiens internationaux dont ils bénéficient actuellement. "Le dalaï-lama devrait alors reconsidérer son rôle et de nombreux gouvernements étrangers pourraient retirer leur soutien au gouvernement tibétain en exil", explique Kate Saunders.

Une frustration croissante de la jeune génération

Au cours de l’été 2008, le TYC a organisé des grèves de la faim pour protester contre les Jeux olympiques de Pékin et attirer l’attention sur la question tibétaine. "Les grèves de la faim expriment la frustration grandissante de la jeune génération, qui ne voit aucun changement de la politique chinoise au Tibet," assure Kate Saunders.

En mars 2008, des protestations contre les autorités chinoises ont éclaté dans la capitale tibétaine, Lhassa. Les manifestations ont dégénéré en affrontements violents et se sont propagées à d’autres régions à forte population tibétaine, à l’ouest de la Chine. Selon le gouvernement tibétain, plus de 200 Tibétains auraient été tués.

De jeunes activistes tibétains préviennent : si la Chine persiste dans son intransigeance, les Tibétains pourraient réagir en radicalisant leurs positions. "Ces Chinois sont stupides car ils perdent l’occasion de négocier avec un homme non-violent", déclare Nawang Obsang, membre du Mouvement indien des étudiants du collège tibétain, dans une interview donnée à Reuters, avant de poursuivre : "Ils pourraient un jour faire face à un leader beaucoup plus radical".