Pour sa première visite officielle à l'étranger, le président américain s'est attaché à rassurer les Canadiens qui craignent que les États-Unis n'adoptent une politique économique trop protectionniste.
REUTERS - Barack Obama est arrivé jeudi à Ottawa où il va tenter d'apaiser les craintes canadiennes sur le protectionnisme et signera un accord de coopération sur les technologies "vertes" dans l'énergie.
Pour sa première visite officielle à l'étranger, le président américain doit aussi évoquer en compagnie du Premier ministre canadien Stephen Harper la crise économique mondiale et la guerre en Afghanistan.
Selon un responsable de la Maison blanche, les deux pays devraient annoncer un accord de coopération technologique sur l'énergie, portant notamment sur la capture et le stockage du dioxide de carbone, un gaz à effet de serre.
Barack Obama, qui souhaite voir son pays en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique, avait annoncé cette semaine que cet accord permettrait aux deux pays d'extraire des énergies fossiles, comme le pétrole et le charbon, en polluant moins.
Cet accord "inclura des éléments comme la capture du carbone, son stockage, ou encore le réseau électrique intelligent (smart grid)", a précisé le responsable.
Les discussions entre le président américain et le Premier ministre canadien, dont le pays est l'un des principaux fournisseurs d'énergie des Etats-Unis, devaient être dominés par les questions commerciales.
Harper a déclaré qu'il chercherait à obtenir des garanties à propos de la clause "Achetez américain" du plan de relance de 787 milliards de dollars promulgué mardi par Obama. Les entreprises canadiennes exportent près des trois quarts de leur production vers les Etats-Unis.
"C'est un gros risque pour le monde aujourd'hui. Si quelque chose peut aggraver la récession en dépression, c'est bien l'adoption de mesures protectionnistes dans le monde entier", a déclaré le chef du gouvernement canadien sur CNN.
L'ALENA ABORDÉ
Selon les responsables américains, Obama va tenter d'apaiser les inquiétudes canadiennes, mais Harper n'exclut pas de faire appel à la législation internationale sur le commerce si le besoin s'en fait sentir.
Le plan de relance américain prévoit des investissements dans les infrastructures publiques pour lesquels doivent être utilisés de l'acier et des matériaux produits aux Etats-Unis.
Une possible remise en cause de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entre Etats-Unis, Canada et Mexique, esquissée par Obama au cours de la campagne des primaires démocrates 2008, a également suscité des remous à Ottawa.
Le président américain était revenu par la suite sur ce engagement à demi-mot et le Canada a interprété ces postures successives comme des manoeuvres politiques.
Le commerce tripartite entre Etats-Unis, Canada et Mexique a été multiplié par trois depuis l'entrée en vigueur de l'Alena en 1994, à près de mille milliards de dollars.
Si le locataire de la Maison blanche doit évoquer la question, il ne devrait néanmoins pas soutenir une révision de l'Alena à l'heure où l'économie mondiale chancelle, selon des responsables de son administration.
Les observateurs s'attendent également à ce que les deux dirigeants cherchent prendre la mesure l'un de l'autre en abordant des questions sensibles comme la présence militaire canadienne en Afghanistan et l'internement du ressortissant canadien Omar Khadr à Guantanamo Bay, prison qu'Obama a l'intention de fermer.
Le président américain a dit qu'il parlerait du rôle du Canada en Afghanistan. Le retrait des 2.700 soldats canadiens présents sur place est prévu pour 2011.