Moins de 24 heures après l'ouverture de pourparlers de paix entre Khartoum et les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) au Darfour, l'armée soudanaise aurait, selon le JEM, mené un raid aérien contre le groupe de rebelles.
AFP - L'armée soudanaise a bombardé mercredi les positions de deux groupes rebelles du Darfour, dont le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) avec lequel Khartoum avait signé la veille un accord en vue d'une trêve, a indiqué l'AFP un commandant du JEM.
"Nous avons été attaqués" par l'armée, appuyée d'ex-rebelles et des milices arabes janjawids, près de la capitale historique du Darfour, El-Facher, a déclaré à l'AFP Suleiman Sandal, un commandant du JEM.
L'aviation soudanaise a aussi bombardé des positions du groupe rebelle dans le secteur de Jebel Marra, a ajouté M. Sandal, affirmant que les violences avaient fait des morts au sein de son mouvement et de l'armée.
Des combats auraient également lieu entre l'armée soudanaise et la faction de l'Armée de libération du Soudan (SLA) d'Abdel Wahid Mohammed Nour, dans l'est du Jebel Marra, a indiqué un responsable du SLA.
Il n'a pas été possible de confirmer ces informations auprès de la mission hybride ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) et de l'armée soudanaise.
Un responsable du gouvernement a cependant indiqué que les combats au Darfour se poursuivaient au lendemain de la signature à Doha d'un accord en vue de la cessation des hostilités.
"Les combats se poursuivent pour une raison bien simple. Le JEM occupe des régions qui ne sont pas les siennes. Après avoir été chassé de Mouhajiriya (au début février), il a occupé des secteurs qui ne sont pas les siens. D'autres mouvements ne leur permettent pas cela, de même que l'armée", a déclaré Mutrif Siddiq, sous-secrétaire aux Affaires étrangères.
"Le JEM a refusé de discuter (à Doha) de la fin des hostilités. Ils ont seulement accepté des mesures en vue de bâtir la confiance", a-t-il précisé à un petit groupe de journalistes à Khartoum.
Le gouvernement soudanais et les rebelles du JEM, le plus militarisé pour l'heure des groupes rebelles du Darfour, ont signé mardi à Doha, au Qatar, une déclaration ouvrant la voie à un accord-cadre en vue d'une conférence de paix entre les deux parties.
Des combats entre l'armée soudanaise et différentes factions rebelles du Darfour avaient par ailleurs ponctué la semaine de pourparlers à Doha.
La faction du SLA conduite par M. Nour, exilé à Paris, refuse quant à elle des pourparlers avec les autorités soudanaises qui lui reprochent d'avoir récemment rencontré de hauts responsables du ministère israélien de la Défense lors d'une visite dans l'Etat hébreu.
La communauté internationale a salué la signature de l'accord entre Khartoum et le JEM, qualifié mercredi de "pas important dans la bonne direction" par le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana.
Cet accord survient alors que des juges de la Cour pénale internationale (CPI) doivent annoncer sous peu l'émission ou non d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour son rôle présumé dans les violences au Darfour.
Une guerre civile dans cette région de l'ouest du Soudan a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU. Khartoum chiffre à 10.000 les décès liés aux combats.