Malgré les soupçons de fraude lors du scrutin du 11 octobre qui a donné l'avantage à Ellen Sirleaf Johnson, le second tour de la présidentielle est confirmé entre la sortante et son plus sérieux rival, Winston Tubman. L'opposition y participera.
AFP - Un second tour de l'élection présidentielle aura lieu au Liberia entre la sortante Ellen Johnson Sirleaf et son principal rival Winston Tubman en dépit du rejet des résultats par l'opposition, a déclaré à l'AFP le directeur de campagne du Parti de l'unité (UP) de Mme Sirleaf.
"Si l'opposition veut boycotter le processus, cela ne l'arrêtera pas. Nous allons continuer", a déclaré ce reponsable, Musa Bility, ajoutant: "Pour nous il y aura un second tour", même si M. Tubman et son parti, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), "veulent se retirer" de la compétition.
M. Bility a ainsi admis que Mme Sirleaf, première présidente élue d'Afrique en 2005 et prix Nobel de la paix 2011, ne pouvait plus obtenir la majorité absolue qui lui permettrait de l'emporter au premier tour, organisé le 11 octobre en même temps que des législatives et des sénatoriales.
Les derniers chiffres donnés samedi par la Commission électorale nationale (NEC), portant sur un peu plus de 71% des bulletins dépouillés, la plaçaient en tête de la présidentielle avec 44,6% des voix, devant Winston Tubman (31,4%) et l'ex-chef de guerre Prince Johnson (11,2%).
Neuf partis d'opposition, dont ceux de MM Tubman et Johnson, ont toutefois dénoncé des "fraudes" et rejeté ces résultats, ajoutant qu'ils se retiraient du processus électoral en cours.
Cette décision suscitait l'inquiétude au Liberia où l'on craint une reprise des violences dans un pays sorti en 2003 de 14 ans de guerres civiles qui ont fait quelque 250.000 morts et ruiné son économie.
A Monrovia, de nouveaux dispositifs de sécurité (barrières, patrouilles, contrôles) ont été mis en place par la Mission de l'ONU zu Liberia), composée de quelque 8.000 hommes, pour éviter des débordements avant un rassemblement de l'opposition prévu dimanche.
De nombreux habitants de la capitale ont en outre fait provision de nourriture et autres produits de base craignant que ce rejet des résultats par l'opposition ne provoque des incidents.
L'ONU s'inquiète en particulier de l'attitude de mercenaires libériens et ivoiriens ayant combattu en Côte d'Ivoire lors du conflit qui a suivi le second tour de la présidentielle de novembre 2010 dans ce pays voisin, et qui sont rentrés au Liberia avec des armes.