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Laura Pollan, l'une des fondatrices du mouvement dissident cubain des Dames en blanc, est morte vendredi à La Havane à l'âge de 63 ans. Elle avait imaginé ces rassemblements dominicaux après l'arrestation de 75 opposants en mars 2003.

REUTERS - Laura Pollan, l'une des fondatrices du mouvement dissident cubain des Dames en blanc, est morte vendredi dans un hôpital de La Havane à l'âge de 63 ans, a-t-on appris auprès de ses proches.

Cette enseignante de formation était devenue l'une des figures de proue de la dissidence cubaine face au régime communiste.
Souffrant d'une maladie pulmonaire, elle avait été placée sous assistance respiratoire la semaine dernière. "Laura vient de mourir", a déclaré à l'agence Reuters Berta Soler, une responsable des Dames en blanc.
Son mari, Hector Maseda, a précisé que les médecins ont vainement tenté pendant une heure de la ranimer. "J'ai demandé à la voir, je me suis recueilli seul auprès d'elle", a-t-il dit.
Après l'arrestation de 75 opposants, dont son mari, lors du "printemps noir" de mars 2003, Laura Pollan avait imaginé ces rassemblements dominicaux de femmes - mères, épouses ou filles de prisonniers politiques.
Vêtues de blanc, un glaïeul à la main, les Dames en blanc se retrouvaient pour la messe dans l'église Santa Rita de La Havane, dans le quartier de Miramar, puis marchaient en silence le long d'une des principales avenues de la capitale cubaine.
Le régime cubain, après avoir tenté de les empêcher, a fini par tolérer les "Damas de blanco", qu'il continue pourtant de dénigrer et de qualifier de "mercenaires" à la solde des Etats-Unis - les médias d'Etat les présentent comme les "Dames en vert" en référence à la couleur du dollar.
Elizardo Sanchez, qui dirige la Commission cubaine des droits de l'homme, indépendante, a déclaré que la mort de Laura Pollan était une grande perte pour les opposants cubains.
"C'est vraiment une mauvaise nouvelle pour le mouvement des droits de l'homme et pour la démocratie. C'est une perte irréparable. Nous verrons avec le temps si d'autres personnes seront en mesure de la remplacer", a-t-il dit.
PRIX SAKHAROV
Laura Pollan assurait qu'elle n'était pas dans une démarche politique. "Nous continuons d'être des défenseurs des droits de l'homme, nous ne sommes pas des politiciennes, nous voulons la liberté pour notre pays, la démocratie", déclarait-elle dans une interview accordée en septembre à Reuters.
Mais les Dames en blanc ont acquis un rôle de tout premier plan dans la dissidence cubaine. En 2005, le Parlement européen leur avait décerné son prix Sakharov pour la défense des droits de l'Homme.
Le mouvement avait été impliqué dans l'accord négocié l'an dernier entre l'Etat et l'Eglise cubaine, qui a permis la libération des 75 prisonniers politiques du "printemps noir", dont Hector Maseda.
Elles ont maintenu leur mobilisation après ces libérations, et entendent la poursuivre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de prisonniers politiques dans les centres de détention cubains.
"Consternation! Douleur! Larmes", écrit la blogueuse cubaine Yoani Sanchez dans un message publié sur son compte Twitter quelques minutes après l'annonce de sa mort.
Laura Pollan sera incinérée et ses cendres dispersées dans un champ de fleurs, a précisé son mari. Une veillée mortuaire aura lieu dans la plus stricte intimité.
"Nous ne voulons pas en faire un geste de propagande", a expliqué Hector Maseda.