Après sa victoire historique contre l’Angleterre, la France rencontre en demi-finale les Gallois, samedi à Auckland (10h heure française). Et l’Histoire a jusqu'à présent prouvé qu’un exploit français était rarement suivi d’une grande performance.
Samedi, la France affronte le Pays de Galles pour une place en finale de la Coupe du monde de rugby. Si la victoire historique des Bleus sur l’Angleterre (19-12) dans la compétition, samedi dernier, a su réveiller la hargne des hommes de Marc Lièvremont, l’Histoire démontre cependant que ce type d’exploit ne réussit pas forcément aux Français.
En 1999, les Bleus de Christophe Lamaison et d’Abdelatif Benazzi avaient ainsi réalisé un exploit insensé (43-31) face à la Nouvelle-Zélande en demi-finale. Mais au match suivant, alors que le collectif était tout proche de la consécration, le XV de France chutait contre l'Australie (35-12). En 2007 également, le XV tricolore de Fabien Pelous, Raphaël Ibanez et Frédéric Michalak avait créé la sensation, en quart de finale cette fois, en submergeant, à Cardiff, des All Blacks trop sûrs de leur jeu (20-18). Mais à l'arrivée, les joueurs de Bernard Laporte connaissent une nouvelle désillusion en demi-finale, face à l'Angleterre (14-9).
"Une nuance entre prendre le pouvoir et se responsabiliser"
Alors cette année, en Nouvelle-Zélande, après la victoire en quart de finale contre le XV de la Rose, faut-il s’attendre à une énième déconvenue ? Les plus anciens du groupe, tels Imanol Harinordoquy ou Aurélien Rougerie, qui ont vécu les échecs de 2007, voire de 2003, connaissent l’histoire par cœur. Marc Lièvremont, protagoniste de la campagne de 1999 avec Emile Ntamack, l’entraîneur des arrières, sait aussi à quoi s’en tenir. "Il me semble qu'un bon match contre l'Angleterre ne doit pas suffire à nous libérer de notre frustration. Peut-être aussi faut-il une colère contre nous-mêmes, se dire qu'on n'a pas le droit de passer à côté, en tout cas dans l'engagement et la concentration indispensables à une demi-finale", avait prévenu le sélectionneur avant le quart de finale.
Pour préparer cette confrontation face à une équipe galloise jusqu’ici impressionnante, Lièvremont a une nouvelle fois misé sur une responsabilisation de ses joueurs, une stratégie qui s’était révélée payante face aux Anglais au tour précédent. Pour autant, cette forme d'autogestion ne signifie pas la mise à l'écart de l'entraîneur dans le processus de décision. "Il y a une nuance entre prendre le pouvoir et se responsabiliser. Ils se sont pris en main, comme je le souhaitais depuis un moment. Je leur ai demandé de continuer", a précisé Lièvremont.
Éviter de verser dans l'autosatisfaction
Après la déconvenue contre les îles Tonga (14-19) en match de poule, le sélectionneur avait appelé ses joueurs à prendre leur destin en main. "Envoyez-moi chier !", leur avait-il notamment lancé lors d'un débriefing musclé. Depuis, les joueurs sont devenus acteurs de la préparation de leurs rencontres. Et cette logique participative demandée depuis longtemps par l'entraîneur français les a libérés. Beaucoup prennent désormais la parole et décident, s'intéressent au plan de jeu et à la vie de groupe, se concertent davantage et organisent eux-mêmes certaines activités.
À l'initiative de Marc Lièvremont et du capitaine Thierry Dusautoir, les joueurs cadres ont ainsi effectué l'analyse critique de leur dernier match contre l'Angleterre afin d'éviter à l'équipe entière de verser dans l'autosatisfaction et de se reposer sur ses acquis. "C'est un peu nouveau. C'est le regard et le jugement de ses coéquipiers. Cela permet de prendre un peu plus conscience des choses. Les remarques des entraîneurs, on en a l'habitude en club et en équipe nationale. Là, c'est une démarche différente qui nous permet de nous investir", raconte le deuxième ligne Lionel Nallet. Reste à savoir si cela sera suffisant pour conjurer le sort qui ne cesse de frapper le XV de France en Coupe du monde.
Composition des équipes :
France : Médard - Clerc, Rougerie, Mermoz, Palisson - (o) Parra, (m) Yachvili - Bonnaire, Harinordoquy, Dusautoir (cap.) - Nallet, Papé - Mas, Servat, Poux
Remplaçants : Szarzewski, Barcella, Pierre, Ouedraogo, Doussain, Trinh-Duc, Heymans
Pays de Galles : Halfpenny - North, J. Davies, Roberts, Sh. Williams - (o) Hook, (m) Phillips - Warburton (cap.), Faletau, Lydiate - A.W. Jones, Charteris - A. Jones, Bennett, G. Jenkins.
Remplaçants : Burns, James, B. Davies, R. Jones, L. Williams, S. Jones, Sc. Williams