Les libéraux du parti du Premier ministre Donald Tusk ont été reconduits à la tête du Parlement dimanche après avoir totalisé près de 40% des suffrages aux élections législatives. Une première depuis le retour de la démocratie en 1989.
REUTERS - Les Polonais ont permis dimanche à Donald Tusk, Premier ministre issu de la droite libérale proeuropéen, de reconduire sa coalition de gouvernement, une première depuis la chute du régime communiste.
Donald Tusk a annoncé la victoire de son parti, la Plate-forme civique (PO), à ces élections législatives et le chef de l'opposition, Jaroslaw Kaczynski, a reconnu la défaite
de son parti conservateur, Droit et Justice (PiS).
Le dirigeant du Parti populaire (PSL, agrarien), qui gouverne avec la PO, a dit qu'une reconduction de la coalition était "possible".
Après le décompte de 64% des votes, le parti de Donald Tusk recueille 37,5% des voix et le PSL 9,5%. D'après ces résultats de la commission électorale, les deux partis obtiendraient 233 sièges à la Diète, la chambre basse du Parlement qui en compte
450, ce qui leur permettrait d'obtenir une courte majorité.
"Je veux remercier tous ceux qui ont voté pour nous et ceux qui ne l'ont pas fait car nous aurons ensemble la responsabilité de diriger la Pologne pour quatre années supplémentaires", a dit Donald Tusk.
Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du président Lech disparu dans un accident d'avion l'an dernier en Russie, a dit "respecter les résultats de l'élection".
C'est la première fois qu'une coalition au pouvoir est reconduite en Pologne depuis le retour de la démocratie en 1989, souligne Jacek Raciborski, chercheur en sciences politiques à l'université de Varsovie.
"Cela montre que la démocratie se consolide en Pologne", a-t-il dit.
"La seule chose inquiétante est le faible taux de participation", a-t-il souligné. A peine un électeur sur deux a pris part au vote.
Le parti libertaire et anticlérical formé par Janusz Palikot, homme d'affaires florissant et ancien député de la Plate-forme civique, aurait obtenu 10,1% des voix. Ce parti
défend l'interruption volontaire de grossesse et les droits des homosexuels et conteste la place de l'enseignement religieux à l'école.
L'Alliance de la gauche démocratique (SLD), héritier de l'ancien Parti communiste, obtiendrait seulement 7,7% des suffrages, ce qui constitue une surprise.
Entrée dans la zone euro?
"Je ne pense pas que Tusk approchera Palikot pour former une coalition. Si la coalition PO-PSL est trop juste, Tusk tentera probablement de débaucher quelques députés du SLD", a dit Raciborski.
Plus de 30 millions d'électeurs étaient appelés à désigner les 450 députés de la chambre basse (Sejm) et la centaine de membres du Sénat, la haute assemblée.
La campagne du Premier ministre, axée autour de la stabilité de la politique économique et d'un renforcement des liens avec les partenaires européens de Varsovie, a trouvé un écho favorable dans l'électorat.
En fin de campagne, une partie des sondages traduisaient toutefois un resserrement de l'écart entre la droite libérale et le parti conservateur.
La reconduction de la coalition actuelle devrait permettre la poursuite des réformes économiques, au moment où les agences de notation parlent d'une possible dégradation de la "signature" polonaise sur les marchés du crédit si le futur gouvernement ne
s'attelle pas rapidement à réduire le déficit budgétaire (attendu cette année à 5,6% du produit intérieur brut).
Donald Tusk a fait campagne sur son bilan économique, rappelant que l'économie polonaise est la seule de l'UE à avoir continué de croître au plus fort de la crise mondiale de 2008-2009.
En 2010, la croissance s'est élevée à 3,8% et le gouvernement sortant fonde sur une hypothèse de croissance de 4% son projet de budget 2012, dont l'adoption dépendra de l'issue des législatives.
Le chef de file de la PO milite aussi pour une entrée de la Pologne dans la zone euro lorsque cette dernière sera sortie de sa crise de la dette.
Ce succès de Donald Tusk devrait être salué par les marchés financiers qui se félicitent de la relative stabilité économique et politique de la Pologne depuis quatre ans.
Cette victoire met également un terme à quatre défaites de rang de partis au pouvoir au sein des pays de l'Union européenne, au Portugal, en Lettonie, au Danemark et en Irlande.