À Syrte, vendredi, les combats se sont concentrés autour ainsi que dans l'université et le Centre de conférence Ouagadougou, deux places fortes des partisans de l'ancien régime situées en plein cœur de la ville.
AFP - De violents combats de rue ont fait rage vendredi dans le centre de Syrte, mais la "grosse opération" des forces du nouveau pouvoir libyen ne leur a pas encore permis de venir à bout de la résistance des partisans du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.
Après de puissants tirs de barrage à l'artillerie et à la roquette à l'aube, des centaines de combattants du Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, sont entrés par l'ouest dans la ville dans des colonnes de pick-up lourdement armés.
"Nous avons l'ordre de terminer la mission aujourd'hui", a affirmé un combattant du CNT, Faisal Asker. "On nous a dit que c'était l'assaut final. Inchallah (Si Dieu le veut), nous allons prendre Syrte aujourd'hui", a ajouté son camarade, Barak Abou Hajar.
Des avions de l'Otan survolaient la zone, secouée par le vacarme des mitrailleuses et des déflagrations. "Il y a une grosse opération aujourd'hui" à Syrte, a déclaré à l'AFP Abdel Ibrahim, porte-parole du Conseil militaire de Misrata, sans pour autant mentionner d'assaut final.
Les combats, avec des bombardements à l'arme lourde, se sont concentrés autour du Centre de conférence Ouagadougou et de l'université, deux places fortes des partisans de l'ex-régime retranchées au coeur de cette ville côtière à 360 km à l'est de Tripoli, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Le commandant pro-CNT Nasser Abou Zian a reconnu l'échec de l'offensive sur le Centre de conférence, expliquant que la plupart de ses combattants avaient dû se retirer sous le feu des roquettes et des tireurs embusqués.
"Nous les entourons dans le centre de la ville, dans une zone d'à peine quelques kilomètres carrés", a-t-il assuré, tandis que les bombardements se poursuivaient.
Selon plusieurs combattants, l'offensive lancée simultanément par l'ouest, l'est et le sud a cependant permis la prise d'un complexe de 700 appartements près du Centre de conférence.
Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat pour l'ensemble de la ville, mais Ahmed Mohammed Abou Oud, responsable d'un hôpital de campagne installé par les pro-CNT près du front a annoncé avoir reçu 11 morts et 181 blessés.
Dans le va-et-vient incessant des ambulances, cette structure installée dans un bâtiment délabré a connu des scènes de chaos tout au long de la journée, les médecins s'affairant autour des nombreux blessés pendant que des combattants pleuraient leurs camarades tués.
"Il y avait beaucoup de familles, mais elles ont fui, c'est pour cela que nous prenons moins de précautions", a expliqué le commandant pro-CNT Wahid Boufera, en soulignant que les forces du nouveau pouvoir attaquaient la ville par le sud, l'est et l'ouest.
Les pro-CNT ont entamé vendredi leur quatrième semaine de siège à Syrte, où ils avancent très lentement face aux partisans du Mouammar Kadhafi qui ne se résigne pas. Dans un message sonore diffusé jeudi par la chaîne Arraï en Syrie, il a appelé les Libyens à manifester "par millions" contre le CNT.
"Je leur dis n'ayez peur de personne, vous êtes le peuple, vous appartenez à cette terre. Faites entendre votre voix contre les collaborateurs de l'Otan", a-t-il affirmé dans ce message où la voix de l'ancien "Guide", en fuite depuis la chute le 23 août de son QG à Tripoli, était à peine audible.
Plus à l'ouest, un bataillon pro-CNT est arrivé en renfort pour "nettoyer" la ville de Ragdaline, à 130 km au sud-ouest de Tripoli, encore aux mains des fidèles de l'ancien régime, selon les ex-rebelles.
Et le CNT a dépêché un millier d'hommes supplémentaires, avec une centaine de véhicules militaires, à Bani Walid, vaste oasis à 170 km au sud-est de la capitale, où les pro-Kadhafi résistent depuis des semaines.
"Nous allons d'abord négocier pour une reddition pacifique des pro-Kadhafi et tenter de faire sortir les 10% de civils qui sont encore dans la ville avant de lancer un assaut", a déclaré à l'AFP Moussa Ali Younès, commandant de la brigade qui dirige l'opération.
Selon lui, "Seif al-Islam (un des fils Kadhafi) se trouve à Bani Walid et peut-être aussi Mouammar Kadhafi (...). Il y a beaucoup de proches de Kadhafi à Bani Walid, plus qu'à Syrte".
Malgré les combats, la relance de la production pétrolière libyenne, qui était de 1,6 million de barils par jour (b/j) avant le conflit lancé le 15 février et avait quasiment cessé, semble efficace, avec déjà 350.000 b/j, selon le Middle East Economic Survey (MEES).