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Pourquoi la NBA est-elle dans l'impasse ?

Après l'échec, mardi, des négociations entre les propriétaires de clubs et les joueurs, la NBA se dirige désormais vers l'annulation des premières semaines de la saison. FRANCE 24 revient sur les principaux acteurs et les négociations en jeu.

La saison 2011/ 2012 de NBA, championnat nord-américain de basket-ball, pourrait ne pas reprendre le 1er novembre. En cause, le blocage des négociations pour une nouvelle convention collective entre joueurs et patrons de clubs. Explications.

Les acteurs

David Stern, patron de la National Basketball Association (NBA)

La mondialisation du basket, la modernisation des infrastructures et des règles du jeu, l’agrandissement de la NBA de 23 à 30 équipes, c’est lui. Le respect des arbitres, l’arrivée réussie des joueurs noirs dans les années 1970-1980 et la fin du lock-out 1998-1999, c’est encore lui. Comme il y a douze ans, il est au cœur des négociations entre les joueurs et les propriétaires des franchises NBA. Mais Stern, auparavant perçu comme indépendant, est de plus en plus pointé du doigt comme un négociateur biaisé roulant pour les patrons des clubs.

Adam Silver, directeur des opérations de la NBA et fidèle lieutenant de David Stern depuis 1992

Si son patron a surtout réussi à développer l’image du basket américain aux États-Unis et à l’étranger, Adam Silver s’est, lui, chargé, de le faire fructifier. Il a négocié les trois dernières conventions collectives entre joueurs et clubs, a géré les droits TV et digital et est à l’origine de la création de la NBA China. Il est clairement en faveur d’une nouvelle convention en faveur des clubs.

Billy Hunter, directeur exécutif du syndicat des joueurs (NBPA)

Il a déjà eu à faire à David Stern et Adam Silver lors du lock-out en 1998-1999. À l'époque, il avait réussi à faire plier les clubs sur la répartition des revenus et un plafond des salaires "souple". Il a la confiance des joueurs pour faire face à nouveau à David Stern et aux patrons des franchises.

Derek Fisher, joueur des LA Lakers et président de la NBPA

Il a convaincu les joueurs qu’ils auraient le dernier mot. "Vous avez le pouvoir dans ces négociations", leur a-t-il assuré dans une lettre. Mais il a également prévenu de la nécessité de l’unité des 450 basketteurs professionnels pour faire bloc face aux trente patrons de clubs et la NBA.

Les dossiers

Le partage des revenus. Dans le précédent accord collectif datant de 1999 et expiré le 30 juin, les joueurs devaient toucher 57% des revenus générés par la NBA alors que seuls 43% revenaient aux clubs. Seulement voilà, la crise est passée par là et les dirigeants veulent désormais la moitié des 4 milliards de dollars générés pour 2010-2011. Selon Carol Sawdye, en charge des finances de la NBA, "il faut dépenser plus pour générer le même dollar qu’il y a dix ans". Autre argument porté par David Stern, seuls huit clubs sur 30 auraient fait des bénéfices la saison passée, pour des pertes combinées de plus de 300 millions de dollars. Mais les joueurs contestent ce chiffre qui n’est pas possible, selon le NBPA, de vérifier.

Plafonnement de la masse salariale voulue par les propriétaires. Depuis le dernier lock-out, la NBA a une politique de plafonnement "souple" des salaires, qui peuvent dépasser le plafond autorisé. Lors de la saison 2010-2011, il était évalué à un peu plus de 58 millions de dollars mais a augmenté de 16% en six ans. Les clubs veulent désormais y remédier pour stabiliser l’inflation salariale.

Les conséquences

Immigration des joueurs. Partie pour durer, cette grève a contraint plusieurs joueurs à trouver un club à l’étranger en attendant que la situation ne se décante. La conséquence est un flux assez extraordinaire du Nouveau vers le Vieux continent. Ainsi a-t-on pu assister au retour en France de Tony Parker à l’ASVEL de Villeurbanne-Lyon, Nicolas Batum à Nancy, Pape Sy à Gravelines et Boris Diaw à Bordeaux. D’autres joueurs français ont préféré rejoindre des équipes étrangères. C’est le cas de Mickaël Gelabale qui a signé à Charleroi (Belgique), Nando De Colo et Florent Pietrus à Valence (Espagne), Ali Traoré à Kuban (Russie), Kevin Séraphin à Vitoria (Espagne). Joakim Noah, joueur des Chicago Bulls, n'a pas encore fait part de ses intentions mais pourrait atterrir à Paris-Levallois.

Matches annulés, saison amputée. Après l’annulation de 43 matches de préparation, la saison NBA ne débutera pas fin octobre, comme prévu, et pourrait ne pas reprendre avant un certain temps. Lors du précédent blocage en 1998, après 204 jours sans basket, la saison régulière avait été tronquée de 50 matches. Mais il est encore impossible de chiffrer les pertes financières causées par un blocage de longue durée, et les retombées médiatiques négatives d’un comportement jugé irresponsable de la part de joueurs millionnaires.