Mis en examen dans une affaire de corruption et de trafic d'influence, le numéro deux de la PJ lyonnaise a été écroué après son audition. Quatre de ses collègues ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer leur métier.
AFP - Trois policiers ont été mis en examen mardi soir dans l'enquête sur l'affaire de corruption et de trafic d'influence présumés qui ébranle le monde policier, après le chef de l'antenne de la PJ de Grenoble, Christophe Gavat, et le N°2 de la PJ lyonnaise Michel Neyret, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.
Contrairement à Michel Neyret, qui a été écroué, les quatre autres policiers ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer leur métier.
Après plusieurs jours de garde à vue, le patron de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la PJ de Lyon, Aymeric Saudubray, l'adjoint du chef de l'antenne de la PJ de Grenoble, Gilles Guillotin, et un membre de la brigade des stupéfiants de Lyon ont été présentés mardi soir aux juges parisiens Patrick Gachon et Hervé Robert, peu après le chef de l'antenne de la PJ de Grenoble, Christophe Gavat.
"Ils ont été mis en examen pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, détournement de scellés et vols en réunion", a-t-on indiqué de source judiciaire.
Les juges parisiens enquêtent notamment sur les pratiques de la police des régions lyonnaise et grenobloise. Des interrogatoires lors des gardes à vue ont confirmé l'existence d'un "système de drogue détournée afin de rémunérer les indicateurs", selon une source proche de l'enquête.
En garde à vue, M. Neyret a concédé des "imprudences" et reconnu avoir accepté des cadeaux, notamment des séjours payés à Marrakech et sur la Côte-d'Azur. Les enquêteurs s'interrogent aussi sur la provenance d'une "montre de valeur", que le policier aurait reçue puis offerte à sa femme, selon une source proche du dossier.
Ces derniers jours, l'Inspection générale des services (IGS) a creusé ses relations avec plusieurs personnalités réputées proches du milieu lyonnais.
Concernant MM. Gavat et Guillotin, les enquêteurs ont cherché à savoir s'ils avaient ou non, sur ordre de M. Neyret, détourné de la résine de cannabis pour rémunérer des "indics".
Les deux policiers ont réfuté toute pratique illégale, selon leurs avocats, qui ont tenu à distinguer les cas de leur client de celui de M. Neyret.
"La partie de l'enquête qui les concerne ne porte pas sur de l'enrichissement personnel ou de la corruption mais sur leur façon de travailler, sur la gestion des indicateurs", a déclaré mercredi à l'AFP Me Anne-Laure Compoint, avocate de M. Guillotin. "La montagne va accoucher d'une souris", a-t-elle parié.
Mardi soir, l'avocat de M. Gavat, Me Emmanuel Daoud, avait noté que le parquet n'avait pas requis de mandat de dépôt contre son client. Ni contre les trois autres policiers mis en examen le même jour.
On ignorait dans l'immédiat les raisons de l'implication présumée dans ce dossier de M. Saudubray, un jeune commissaire qui ne dirigeait la BRI de Lyon que depuis un an, son avocat se refusant à tout commentaire.