
La presse allemande reconnaît que la chancelière a obtenu, jeudi, une victoire politique grâce à l’approbation par le Bundestag du plan de sauvetage de la zone euro. Un succès qu’Angela Merkel a intérêt à savourer avant qu’il ne soit trop tard.
Ils sont tous d’accord. Pour la presse allemande, l’adoption à une large majorité - 523 votes pour et 85 voix contre - par le Bundestag (chambre basse du Parlement) de l’élargissement des pouvoirs du Fonds européen de stabilité financière (FESF), est avant tout une victoire pour la chancelière Angela Merkel.
“C’est une double victoire, elle permet de renforcer l’euro et le pouvoir d’Angela Merkel”, assure ainsi, jeudi, l’hebdomadaire "Der Spiegel" sur son site internet. La presse souligne notamment l’importance pour la chancelière allemande de n’avoir eu qu’un faible nombre d’abstention dans les rangs de sa majorité lors du vote. Angela Merkel semblait, pourtant, plus contestée que jamais même parmi les siens après les récentes défaites de son parti, la CDU, aux élections régionales. “C’est une grande victoire qui montre qu’en cette occasion la coalition a su se montrer solidaire”, a souligné au quotidien de gauche "Sueddeutsche Zeitung" Philipp Rösler, le ministre de l’Économie et chef des libéraux du FDP.
Taxes, taxes, taxes...
Mais c’est aussi une victoire qui “risque de ne pas durer”, avertit "Der Spiegel". Si Angela Merkel a réussi à mobiliser ses troupes le temps d’un vote, le fond des problèmes demeure. “Patron, l’addition de l’euro, s’il vous plait”, résume dans une chronique mordante le quotidien "Die Welt". Il y détaille par le menu toutes les augmentations de taxes que le contribuable allemand va devoir supporter dans les dix prochaines années à cause du sauvetage de la Grèce et de la zone euro. “La nourriture et les boissons devraient augmenter de 13% à cause des hausses de la TVA et les automobilistes doivent aussi se préparer à payer près de 1000 euros en plus par an pour aider à financer le déficit qui va se creuser”, assurent les auteurs de ce coup de gueule qui se veut le reflet du sentiment des Allemands ordinaires.
Sur un ton plus austère, le quotidien de centre droit "Frankfurter Allgemeine" va dans le même sens. Si l’Allemagne a su tenir, jeudi, “son rôle de leader” au sein de la zone euro, ce vote risque de revenir hanter les politiques allemands dans les prochaines années. “L’Allemagne va dorénavant mettre 211 milliards d’euros au pot commun du FESF, contre 123 milliards d’euro avant ce vote”, rappelle le quotidien qui craint qu’il faille augmenter encore la contribution allemande à l’avenir . “A partir de quel montant aurons-nous aussi des problèmes avec notre dette?”, s’inquiète le "Frankfurter Allemeine Zeitung".