Au premier jour de son procès, Conrad Murray est accusé de "fautes lourdes". Durant l'audience, l'accusation a diffusé un enregistrement sonore dans lequel la star s'adresse à son médecin d'une voix engourdie par les sédatifs.
AFP - Le procureur a accusé mardi le médecin de Michael Jackson d'avoir commis des "fautes lourdes" au premier jour du procès de Conrad Murray, marqué par la diffusion d'un enregistrement audio saisissant de la star et d'une photo de lui prise peu après sa mort.
Le procès s'est ouvert mardi matin dans une salle pleine à craquer de journalistes avec la diffusion d'une photo inédite de la dépouille du "roi de la pop", sous une housse blanche d'hôpital.
Etaient également présents les parents de Michael Jackson, Katherine et Joe, ainsi que la plupart de ses frères et soeurs Jermaine, Janet, LaToya, Randy, Tito et Rebbie.
L'accusation a également diffusé un enregistrement sonore dans lequel la star s'adresse à son médecin d'une voix inarticulée, apparemment sous sédatifs. Cet appel téléphonique, passé un mois et demi avant son décès le 25 juin 2009, porte sur la série de concerts que le chanteur avait prévu de donner à Londres.
"Quand les gens vont quitter mon concert, je veux qu'ils disent +Je n'ai jamais rien vu d'aussi fort dans ma vie+", dit la voix à peine reconnaissable, avant d'ajouter: "Il faut que ce soit phénoménal".
Cette conversation prouve, selon l'accusation, que le Dr Murray savait ce qu'il "faisait à Michael Jackson en mai 2009, soit plus d'un mois et demi avant que Michael meure à cause du traitement" qu'il a reçu, a déclaré le procureur dans un argumentaire résolument offensif.
"Les preuves vont montrer que Michael Jackson a bel et bien mis sa vie entre les mains de Conrad Murray", a-t-il déclaré, estimant que le chanteur avait "placé sa confiance à tort" dans son médecin, accusé d'homicide involontaire.
"Nous nous attendons, a-t-il poursuivi, à ce que les preuves montrent que Conrad Murray a, à plusieurs reprises, commis des fautes lourdes".
En cause notamment, selon le procureur, l'utilisation du propofol, que le Dr Murray a reconnu avoir administré au chanteur le matin de sa mort. Avec ce médicament, un puissant anesthésique que Michael Jackson utilisait comme somnifère, "les choses peuvent très très vite mal tourner".
Le procureur Walgren a indiqué qu'au cours des jours qui avaient suivi la conversation diffusée pendant l'audience, et malgré l'état de santé précaire du chanteur, le Dr Murray avait commandé un important lot de midazolam, un anxiolytique, et de propofol. Au total, quelque 15,5 litres de ce dernier ont été ainsi achetés par le Dr Murray, selon l'accusation.
Assis dans un fauteuil en tissu, le Dr Murray, le front dégarni, vêtu d'un costume gris à rayures, encaissait l'air grave les attaques du procureur.
La parole a ensuite été donnée à la défense, qui a aussitôt mis en cause le comportement de Michael Jackson. "Il a agi sans que le médecin ne le sache, sans la permission de son médecin, à l'encontre de ses consignes et ce qu'il a fait a provoqué sa propre mort", a déclaré l'avocat du Dr Murray, Ed Chernoff.
"Des preuves scientifiques vont vous montrer que quand le docteur Murray a quitté la chambre, Michael Jackson s'est lui-même administré une dose de propofol qui, avec le lorazepam, a réuni dans son corps toutes les conditions" propices à la catastrophe, a-t-il ajouté à l'adresse du jury.
Cette combinaison "l'a tué instantanément", a-t-il assuré au cours de cette audience solennelle.
Dans la rue, devant la cour, l'ambiance était vive, entre les fans criant "meurtrier!" et les soutiens du docteur Murray. Quelque 300 personnes ont fait le déplacement, certaines venues de pays étrangers, prêtes à tout pour assister au procès.
Dans l'après-midi, le procès s'est poursuivi avec l'audition de Kenny Ortega, co-directeur artistique du spectacle "This is it". "Michael espérait qu'il serait capable, après les dates à Londres, de poursuivre sa tournée +This is It" dans le monde et après de faire des films", a-t-il déclaré.
M. Ortega a aussi rappelé sa vive inquiétude après une répétition, quelque jours avant la mort de Michael Jackson, où ce dernier "n'allait pas bien du tout. Ses propos n'étaient pas cohérents, c'est comme s'il n'était pas là, quelque chose n'allait pas, je ne l'avais jamais vu comme ça".
Le procureur a ensuite diffusé des clips des dernières répétitions du chanteur, qui ont fait couler les larmes des fans présents dans la salle.
L'audience a été levée à 16H15 (23H15 GMT), pendant le témoignage de Paul Gongaware, co-président d'AEG Live, le promoteur des concerts londoniens.
Le "roi de la pop" est décédé d'une surdose de médicaments et en particulier d'une "grave intoxication" au propofol. Conrad Murray a toujours reconnu avoir administré cette substance à Michael Jackson le matin de sa mort -- à sa demande expresse -- mais réfute les accusations selon lesquelles il aurait abandonné son patient.
En cas de condamnation, le médecin de 58 ans, en liberté sous caution depuis son inculpation en février 2010, risque jusqu'à quatre ans de prison.