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La Turquie se lance à son tour dans l'exploration de gaz en Méditerranée orientale

Une semaine après les Chypriotes grecs, la Turquie entame à son tour des travaux de prospection gazière dans l'est de la Méditerranée.

AFP - La Turquie va lancer ce lundi ses explorations de gaz dans l'est de la Méditerranée, après un accord en ce sens avec la République turque de Chypre Nord, et en réponse aux explorations lancées par les Chypriotes grecs, selon l'agence de presse Anatolie.

"Le navire (d'exploration) doit arriver vers midi dans la région où il commencera l'exploration. L'équipe commencera ses recherches sismologiques dans l'après-midi, après avoir atteint la région dont les coordonnées (géographiques) ont été spécifiées", a déclaré Huseyin Avni Benli, qui dirige l'institut de recherches concerné, à l'agence officielle turque.

Que dit le droit maritime ?

On distingue quatre zones maritimes sur lesquelles s’exerce la souveraineté d’État :

- Les eaux intérieures, qui correspondent aux eaux incluses entre le rivage et la ligne de base à partir de laquelle est mesurée la largeur de la mer territoriale (voir ci-dessous). L’État y exerce une souveraineté totale.

- La mer territoriale, qui est la partie de mer côtière sur laquelle s'étend la souveraineté d'un État. Sa largeur maximale est fixée à 12 milles marins (un peu plus de 22 kilomètres) par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

- La Zone économique exclusive (ZEE), qui est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d'exploration et d'usage des ressources. La ZEE s'étend de la mer territoriale à 200 milles marins au large de ses côtes.

- La haute mer, ou eaux internationales, qui correspond aux zones maritimes qui ne sont sous l'autorité d'aucun État. Elle commence au-delà de la limite extérieure de la ZEE et représente 64 % de la surface des océans. Le principe de liberté y prévaut : liberté de navigation, de survol, de pêche, de recherche scientifique, de pose de câbles et de pipe-lines, etc.

M. Benli n'a pas précisé la destination exacte du navire, le Piri Reis.

Le bateau, qui a appareillé la semaine dernière pour cette mission controversée, a jusqu'à présent navigué sans encombres, a précisé M. Benli, de l'université Dokuz Eylul, située dans la province d'Izmir, sur le mer Egée.

Il a précisé que son équipe communiquait deux fois par jour avec le navire, par liaison satellitaire, selon l'agence Anatolie.

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a menacé de faire escorter le navire par des bâtiments de guerre.

Des frégates, des vedettes d’attaque et même des sous-marins ont déjà reçu des ordres pour converger vers cette zone, selon les médias turcs. Cette information n'a pas été confirmée officiellement.

La tension est brusquement montée dans la région avec l'annonce par le gouvernement chypriote-grec, reconnu internationalement mais pas par la Turquie, qu'il avait demandé à la compagnie américaine Noble de commencer des travaux de prospection gazière au large de l'île, ce que l'entreprise a commencé de faire.

La Turquie a alors signé un accord avec la République turque de Chypre Nord (RTCN), qu'elle est la seule à reconnaître, pour démarrer ses propres explorations.

Avant le départ du navire, M. Erdogan a cependant laissé la porte ouverte à une désescalade, affirmant que son pays était prêt à faire marche arrière si Chypre faisait de même, lors d'un entretien à New York jeudi avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

"Si les deux parties (grecques et turques, ndlr) renoncent aux explorations de gaz naturel, nous accepterons" cet état de fait, a déclaré M. Erdogan, en marge de l'assemblée générale de l'ONU.

Mais, a-t-il prévenu, si les Chypriotes grecs insistent pour aller de l'avant, cela "sabotera" les négociations en cours entre les dirigeants des parties grecques et turques de Chypre en vue d'une réunification de l'île, divisée depuis 1974.

Tags: Turquie, Gaz, Chypre,