logo

Edvard Munch le moderne exposé à Pompidou

L'exposition "Edvard Munch, l’œil moderne", au Centre Pompidou à Paris, veut montrer que le peintre norvégien était un moderne, ouvert sur la photographie et le cinéma - pas seulement un artiste de l'introversion et de la mélancolie.

AFP - Voir Edvard Munch d'un autre oeil: le Centre Pompidou présente à partir de mercredi une captivante exposition sur la modernité du peintre norvégien, mettant l'accent sur sa production au XXè siècle et son utilisation de la photographie.

Le musée appuie sa démonstration de quelque 140 oeuvres de l'artiste, dont près de 60 peintures, 50 photographies, des réalisations sur papier, des petits films étonnants et une des rares sculptures de l'artiste.

La plupart des oeuvres présentées dans l'exposition "Edvard Munch, l'oeil moderne" proviennent du musée national d'Oslo, du musée Munch d'Oslo, principal partenaire, et du musée d'art de Bergen.

"Nous voulons nuancer l'image que l'on a de Munch", celle du "peintre de l'angoisse, de la mélancolie, introverti, uniquement préoccupé de la représentation de son intériorité", expliquent Angela Lampe et Clément Chéroux, les deux commissaires de l'exposition qui se tient jusqu'au 9 janvier.

Edvard Munch se montre curieux des nouvelles techniques de représentation. Dès 1902, il s'achète un appareil photo. Il va au cinéma. Le monde extérieur l'intéresse et il y puise des sujets.

Surtout classé comme un artiste de la fin du XIXè siècle, symboliste ou pré-expressionniste, le peintre, né en 1863, est mort en 1944, la même année que Vassily Kandinsky et Piet Mondrian. "Les trois quarts de sa production ont été réalisés au XXè siècle", souligne Mme Lampe. "C'est un artiste moderne, pleinement inscrit dans la modernité de son époque", ajoute Clément Chéroux.

L'exposition donne un bref aperçu du "Munch que l'on connaît", à travers des chefs-d'oeuvre comme "La puberté" (1894) et "Filles sur le Pont (1901) qui voyagent très rarement et dont le musée national d'Oslo a accepté exceptionnellement de se séparer.

La salle attenante présente exactement les mêmes thèmes mais réalisés des années plus tard. La palette a changé, le décor aussi. Munch est un artiste de la répétition, qui ne cesse de reprendre les même motifs. On compte une dizaine de versions de "Vampire" et six de "L'enfant malade".

Mise en scène

Munch utilise son petit appareil photo Kodak dans une visée autobiographique. Il se met en scène.

Le puissant "Autoportrait à la Marat" est une photo prise en 1908-1909 dans une clinique de Copenhague où l'artiste est soigné pour dépression. Il renvoie à la violente dispute qui l'a opposé en 1902 à Tulla Larsen avec laquelle il entretenait une relation amoureuse tumultueuse. Un coup de revolver part, il perd une phalange à la main gauche. Il se sent comme Marat face à Charlotte Corday.

La photographie, comme le cinéma, ont un impact sur la réalisation de ses tableaux comme l'atteste le traitement des "Travailleurs rentrant chez eux" (1918-1920) qui donne au visiteur l'impression de se retrouver nez-à-nez avec les ouvriers.

Le théâtre l'inspire. Il travaille avec le metteur en scène Max Reinhardt, qui cherche à abolir les distances entre la scène et le spectateur.

Munch, qui a beaucoup voyagé dans sa jeunesse, est curieux du monde qui l'entoure. Il se rend sur le terrain, un peu comme un reporter. Il peint des incendies, des ouvriers en train de construire la ligne de chemin de fer Oslo-Bergen.

Comme dans un film, il scénarise des années plus tard sa bagarre en 1905 avec le jeune peintre Ludvig Karsten. Il en fait une série de tableaux retraçant les différentes étapes de l'altercation.

Vers 1930, Munch souffre d'une hémorragie à l'oeil qui modifie sa vision. Il peint alors des oeuvres étranges, montrées pour la première fois en France.