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Les deux randonneurs américains ont été libérés

Les deux randonneurs américains détenus depuis deux ans pour espionnage ont été libérés de la prison d'Evin à Téhéran, mercredi, sur décision de la justice iranienne. Ils ont été conduits à l'aéroport afin de se rendre au sultanat d'Oman.

REUTERS - L'Iran a libéré mercredi deux randonneurs américains emprisonnés depuis plus de deux ans pour espionnage, après le versement de 500.000 dollars de caution pour chacun d'eux par le sultanat d'Oman, rapportent des journalistes de Reuters et des sources diplomatiques.

Josh Fattal et Shane Bauer, arrêtés en juillet 2009 alors qu'ils marchaient le long de la frontière Irak-Iran, nient être des espions. Ils ont gagné l'aéroport Mehrabad de Téhéran dans un convoi escorté par des responsables omanais et dans lequel se trouvait l'ambassadrice de Suisse, ont indiqué des témoins.

L'agence officielle Irna a ensuite annoncé que les deux hommes avaient quitté le pays en avion mais a annulé sa dépêche peu après, tandis que leur avocat démentait qu'ils soient déjà partis.

"Ils n'ont pas encore quitté l'Iran (...) Nous attendons encore à l'aéroport Mehrabad de Téhéran", a déclaré Masoud Shafie à Reuters à l'aéroport.

D'après Irna, Josh Fattal et Shane Bauer devraient d'abord se rendre à Oman, Etat du Golfe dont les autorités ont contribué à obtenir leur remise en liberté.

Leur libération avait été évoquée la semaine dernière par le président Mahmoud Ahmadinejad, qui parlait d'un geste "humanitaire" en prévision de son voyage annuel au siège des Nations unies à New York, mais leur sort était resté incertain jusqu'au dernier moment.

Cherchant à détourner l'attention de sa position fragilisée dans la République islamique, le président Ahmadinejad avait déclaré à des médias américains que les deux randonneurs, condamnés à huit ans de prison chacun pour entrée illégale sur
le territoire iranien et espionnage, retrouveraient la liberté "dans quelques jours".

Mais l'appareil judiciaire iranien, contrôlé par des conservateurs rivaux, avait aussitôt humilié publiquement Mahmoud Ahmadinejad en excluant toute libération imminente des
deux Américains, signe évident du crédit de plus en plus faible accordé au président iranien.

Rivalités politiques

Shane Bauer et Josh Fattal affirment être des randonneurs qui ont franchi la frontière par mégarde alors qu'ils marchaient dans les montagnes du Kurdistan irakien. Leur compatriote Sarah Shourd, interpellée en même temps qu'eux, a été remise en
liberté il y a un an contre le versement d'une caution de 500.000 dollars.

Le gouvernement américain a démenti que ses trois ressortissants soient des espions, et leurs partisans soulignent qu'aucune preuve à leur détriment n'a jamais été rendue
publique. Leur procès s'est déroulé à huis clos.

Certains commentateurs américains ont estimé que la caution s'assimilait à une rançon, toutes les parties sachant qu'il y a fort peu de chances que les trois randonneurs retournent en Iran pour y purger des peines supplémentaires.

Des médias iraniens avaient laissé entendre qu'ils pourraient être échangés contre des Iraniens détenus aux Etats-Unis, mais aucune information de cette nature n'a circulé
aux Etats-Unis.

Les relations irano-américaines étant rompues depuis la Révolution islamique de 1979, plusieurs pays ont tenté de résoudre le problème des trois randonneurs.

En plus des Omanais, le président irakien Djalal Talibani a lui aussi contribué aux efforts de médiation. L'ambassade de Suisse, qui représente les intérêts américains en Iran, y a
également participé.

Mais l'ambassadrice suisse n'a pour finir pas été autorisée à entrer à la prison d'Evin et a dû attendre dans sa voiture la remise en liberté des Américains.

La libération a été différée deux fois, selon leur avocat, parce qu'un juge dont la signature était nécessaire était en vacances - autre signe que les adversaires politiques d'Ahmadinejad au sein de l'élite au pouvoir ont cherché à le mettre dans l'embarras.