
Le président américain doit présenter ce lundi un plan d'économies reposant, en partie, sur une augmentation d'impôts pour les plus riches. Revue de détail des mesures auxquelles devraient s'opposer les républicains.
Le président des États-Unis, Barack Obama, veut que les Américains les plus fortunés et les grandes entreprises du pays contribuent, pour moitié, à son plan de réduction du déficit budgétaire. Les mesures qu’il doit présenter lors d'un discours à la Maison Blanche ce lundi doivent permettre d'économiser plus de 3 000 milliards de dollars sur 10 ans, selon les premières informations fournies par l’administration Obama à la presse, dimanche soir.
De fait, le chef de l'exécutif américain compte récupérer 1 500 milliards de dollars grâce à des augmentations d’impôts sur les revenus des plus riches et l’abolition de certaines niches fiscales.
Par comparaison, l’effort demandé aux classes moyennes et aux contribuables les moins riches s’élèverait à 580 milliards de dollars, notamment au travers d’ajustements apportés aux programmes d’aides sociales comme le Medicare et le Medicaid (qui forment le système américain d’assurance santé).
La contribution que le président des États-Unis veut demander aux plus riches risque de faire l'objet d'une passe d'armes avec les républicains. Leur chef de file à la Chambre des représentants, John Boehner, a averti vendredi qu’il s’opposerait à toute augmentation d'impôts pour réduire le déficit.
Une "taxe Buffet" ? Barack Obama semble avoir entendu l’appel lancé, il y a un mois, par le milliardaire américain Warren Buffet qui avait noté qu’il n’était soumis qu’à un taux d’imposition de 17,4 % bien plus bas que celui de ses employés (36 %).
Dimanche, le New York Times affirmait ainsi que l’administration américaine prévoyait d’augmenter le taux d’imposition des 450 000 Américains les plus riches afin qu'il soit au moins égal à celui de la moyenne des Américains.
Peu de temps après, le ton avait cependant changé à la Maison Blanche qui n’envisageait plus, selon le magazine économique américain Forbes, une “taxe Buffet”, mais d’inscrire, dans une réforme plus vaste du code fiscal américain, le principe selon lequel il ne puisse pas y avoir un écart d'imposition aussi important que celui dénoncé par le milliardaire américain.
Une manière pour le président de tenter de déminer le terrain sur une question politiquement sensible. Les républicains se sont en effet empressés, dès dimanche, de dénoncer une telle mesure qui serait “une déclaration de guerre des classes”, selon Paul Ryan, le président républicain du Comité du budget à la Chambre des représentants.
La fin des réductions d’impôts de George W. Bush. L’ancien président américain George W. Bush avait fait adopter par le Congrès en 2003, une réduction des impôts pour les foyers dont les revenus étaient supérieurs à 250 000 dollars par an.
Barack Obama devrait proposer de ne pas reconduire ce cadeau fiscal qui expire fin 2012. Au 1er janvier 2013, le taux d’imposition de ces familles aisées devrait alors remonter de 34 % à 39 % des revenus. Selon l’administration Obama, cette mesure devrait permettre à l’État de récupérer 800 milliards de dollars en 10 ans.
Assaut sur les niches fiscales. Le président des États-Unis veut également mener une réforme du code fiscal afin d’en éliminer les niches fiscales qui bénéficient exclusivement aux riches et aux grandes entreprises américaines. Il estime que cette chasse aux privilèges rapporterait 700 milliards de dollars sur 10 ans.
La Maison Blanche vise ainsi particulièrement les groupes pétroliers - qui peuvent, par exemple, déduire les achats d’avions d’affaires de leurs impôts - et les professionnels de la finance. Le président américain veut notamment mettre fin à la possibilité offerte à un trader ou à un gérant de fonds d’investissements de ne pas intégrer une partie de ses profits dans le calcul de ses revenus imposables.