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Les représentants de l'Union européenne et du FMI doivent décider ce lundi du versement d'une nouvelle tranche d'aide internationale à Athènes. Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos (photo), s'est dit prêt à plus d'austérité.

AFP - Le ministre des Finances grec Evangélos Vénizélos passait lundi sous les fourches caudines des créanciers du pays, en accélérant les mesures d'économies, à l'orée d'une semaine qu'il a jugée "très difficile" pour le pays et l'avenir même de la zone euro.

M. Vénizélos se soumettra au verdict de la troïka représentant zone euro et Fonds monétaire international lors d'une téléconférence d'abord prévue à la mi-journée mais finalement retardée "vers 16H00 GMT", a indiqué son ministère.

La semaine qui s'ouvre va être "très difficile pour le pays, pour la zone euro et pour moi personnellement", a-t-il dit ouvrant un colloque économique près d'Athènes.

"Il nous faut prendre maintenant des décisions de caractère historique, sinon, nous serons obligés de les prendre prochainement dans des conditions incontrôlables et douloureuses", a-t-il insisté, en référence à la menace d'une cessation de paiement du pays, qui affole les marchés.

Reprenant les pires estimations d'Athènes, le représentant permanent du FMI à Athènes, Bob Traa a tablé sur une récession de -5,5% en 2011, et de -2,5% en 2021, renvoyant le retour à la croissance à 2013.

Le ministre grec a posé comme priorité le "respect de l'objectif pour 2011", impliquant des mesures correctrices de 1,8 milliard d'euros, pour permettre au pays de continuer à tenir ses engagements, dont "un excédent budgétaire primaire en 2012".

M. Vénizélos a néanmoins estimé qu'Athènes ne devait pas servir de "bouc émissaire" face au "manque de compétence dans la gestion de la crise de la dette" en zone euro.

M. Traa a appelé aux côtés de M. Vénizélos, à "des mesures supplémentaires nécessaires pour réduire le déficit budgétaire".

A Bruxelles, la Commission européenne n'a toutefois pas relayé: "nous ne demandons pas plus que ce qui a été accepté dans le cadre du programme (négocié) pour la Grèce, il n'y a pas de nouvelles mesures d'austérité sur la table, ce qui est sur la table c'est le plein respect des objectifs fixés", a déclaré son porte-parole pour les questions économiques, Amadeu Altafaj

M. Traa a mis en garde contre trop de recours aux augmentations d'impôts, alors qu'Athènes s'était résolue la semaine dernière à annoncer en catastrophe une taxe exceptionnelle sur l'immobilier, au montant doublé en 48H.

M. Traa a plutôt réclamé une réforme urgente de l'administration fiscale, parmi ces réformes de fond toujours promises mais toujours ajournées par le gouvernement socialiste, au vu de la confrontation frontale qu'elles impliquent avec sa base électorale et syndicale.

Il a appelé à un consensus politique pour mener à bien ce chantier, et regretté le ralentissement des réformes perceptible selon lui depuis novembre 2010, jugeant que la troïka "devrait peut-être venir chaque mois".

Les médias grecs tablaient sur un nouvel effort à livrer, à hauteur de quelque 4 milliards d'euros pour 2011 et 2012.

Selon les médias, il s'agirait surtout d'accélérer et élargir les mesures de réduction des dépenses publiques. Sont notamment évoquées l'instauration d'un plafond aux pensions de retraites et de nouvelles coupes de personnel dans les organismes para-publics.

Les chefs de mission de la troïka avaient suspendu au début du mois leur audit du suivi du plan grec de redressement en raison du manque de progrès du pays. Aucun déblocage n'est depuis intervenu pour le versement de la prochaine tranche de prêts internationaux, 8 milliards d'euros -vitaux pour le pays- d'ici fin octobre.

La zone euro a au contraire réitéré lors de réunions vendredi en Pologne qu'elle conditionnait toute poursuite de l'aide à des avancées d'Athènes.

Appelés en outre à mettre sur pied un sauvetage bis du pays, les bailleurs de fonds exigent en contrepartie une remise à niveau généralisée, allant des privatisations à la libéralisation du marché du travail, et la remise sur les rails budgétaire.

C'est l'aveu début septembre par la Grèce qu'elle ne tiendrait pas l'objectif promis d'un déficit public de 7,6% du PIB qui a mis le feu aux poudres. Un dérapage qui résulte notamment de l'aggravation de la récession sous le coup de l'austérité, mais aussi de l'incapacité de l'appareil d'Etat grec à encaisser les rentrées fiscales et à couper suffisamment dans les dépenses publiques.

Les divisions de la zone euro sur le dossier grec et les problèmes globaux de dette souveraine ont fait à nouveau plonger les Bourses européennes lundi, les valeurs bancaires étant encore une fois très malmenées.