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Un an de détention pour les otages français au Niger

Le 16 septembre 2010, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) enlevait sept personnes au Niger, dont quatre Français sont toujours retenus au Sahel. Les négociations pour leur libération se poursuivent, sans perspective de dénouement à ce jour.

AFP - Un an après leur rapt dans le nord du Niger, les quatre otages français sont en vie mais les négociations s'étirent en longueur, au moment où le Sahel, sanctuaire d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), traverse de nouvelles turbulences sous l'effet de la crise en Libye.

Le 16 septembre 2010, sept personnes avaient été enlevées par Aqmi à Arlit, site d'extraction d'uranium: un cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom.

Le 24 février, la Française, Françoise Larribe, le Togolais et le Malgache avaient été relâchés près du point de jonction des frontières de l'Algérie, du Mali et du Niger par Aqmi, qui commet des rapts - surtout d'Occidentaux - dans la bande sahélo-saharienne depuis plusieurs années.

"Je ne suis pas +libérée+ aujourd'hui", confie l'ancienne otage dans l'hebdomadaire protestant Réforme. "C'est impossible tant que (son mari) Daniel sera encore +là-bas+", souligne-t-elle, racontant la "vie dure" en plein Sahel.

Daniel Larribe et les trois autres otages, Thierry Dole, Marc Feret et Pierre Legrand, s'apprêtent à entrer dans leur deuxième année de captivité sans perspective d'un proche dénouement, au grand dam des familles qui réclament "des initiatives efficaces".

"Tous les services de l'Etat sont mobilisés depuis le premier jour et mettent tout en oeuvre pour que nos compatriotes retrouvent la liberté", a plaidé jeudi le ministère français des Affaires étrangères.

"Nous pensons et souhaitons vivement qu'ils soient en vie, et nous pensons qu'ils le sont encore", a déclaré mercredi le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Fin août, un médiateur avait indiqué à l'AFP que les quatre otages "se portent bien", tandis que les négociations se poursuivent.

"Nous sommes en contact physique, téléphonique et par personnes interposées avec les ravisseurs", déclarait récemment à l'AFP un médiateur.

"Les négociations avancent"

"Les négociations avancent", assure un autre. De source proche de la médiation, on n'exclut d'ailleurs pas qu'une partie des otages puissent être libérés dans un avenir proche.

Cependant, Aqmi n'a pas changé ses exigences. La mouvance avait diffusé en avril une vidéo des otages "suppliant" le président français Nicolas Sarkozy de retirer ses troupes d'Afghanistan, une demande aussitôt rejetée par Paris.

Mais la France a annoncé en juillet qu'elle retirerait de ce pays un quart de ses soldats, soit un millier d'hommes, d'ici à la fin 2012, une décision qui aurait été bien accueillie par les ravisseurs.

Selon des sources proches des négociations et Niamey, les jihadistes exigent en outre le paiement d'une rançon de 90 millions d'euros, également refusée par Paris.

Alors que la capitale nigérienne reste sous tension - deux jeunes Français y avaient été enlevés en janvier, avant d'être tués au Mali lors d'une opération de l'armée française -, la situation est contrastée dans le nord du pays, un an après.

Des expatriés d'Areva ont repris en juillet le chemin d'Arlit, près de la capitale régionale Agadez, au feu vert des autorités françaises, après qu'une sécurité renforcée a été mise en place avec le Niger.

Mais la crise en Libye voisine a plus que jamais plongé le nord dans la tourmente, avec la fuite d'ancien fidèles du "Guide" déchu Mouammar Kadhafi, notamment des ex-rebelles touareg nigériens et maliens, et la prolifération d'armes, y compris d'armes lourdes, échappées des arsenaux libyens.

"Avant, on était plutôt concentrés sur Aqmi, aujourd'hui tout est à surveiller", indique un officier nigérien basé dans le nord.

"Sous tension" et "sollicités de partout", alerte Ibrahim Manzo, directeur du bimensuel Aïr-Info édité à Agadez, les militaires nigériens ne disposent pourtant que "de moyens modestes pour surveiller" cette immense région.