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Les révélations d'outre-tombe de Jackie Kennedy

Dans un recueil d’entretiens audio datant de 1964, l’ex-"First Lady" américaine, décédée en 1994, livre ses confidences sur les personnalités politiques de l’époque. Des révélations qui contrastent avec son image publique de femme douce et discrète.

Les gens "ne la connaissent pas du tout", écrit Caroline Kennedy à propos de sa mère dans la préface de "Jacqueline Kennedy avec J. F. Kennedy", un livre d’entretiens avec l’ex-"First Lady" américaine paru ce mercredi aux États-Unis, soit 50 ans après l’accession de son époux à la présidence. Découpée en sept parties, l’interview, conduite par l’historien Arthur M. Schlesinger Jr. en 1964, l’année suivant l’assassinat de JFK, lève un bout de voile sur la personnalité de cette femme réputée discrète.

Ces enregistrements ont été rendus publics à l'initiative de Caroline Kennedy qui souhaitait montrer au public une autre facette de sa mère : "sa curiosité intellectuelle, son sens du ridicule, son sens de l’aventure, ou son sens infaillible pour ce qui était juste". Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’épouse du 35e président des Etats-Unis usait, en privé, d’un certain franc-parler.

Mardi soir, la chaîne américaine ABC a diffusé des extraits sonores issus des plus de huit heures d’interviews et prévoit déjà d’en dévoiler d’autres. La version française des entretiens sera publiée le 21 septembre chez Flammarion sous le titre "Avec John F. Kennedy". Extraits.

  • Sur Charles de Gaulle et les Français

"De Gaulle était mon héros quand j’ai épousé Jack [surnom de JFK]", confie Jackie Kennedy. Mais la "First Lady" a rapidement changé d’avis après avoir rencontré le général lors d’une visite à Paris en 1961. Elle l’avait alors trouvé "égocentrique" et "méchant".

Bien qu’elle apprît à maîtriser la langue française lors de son année d’étude à La Sorbonne, Jackie Kennedy se montre sans concessions avec le peuple français. "Je déteste les Français", admet-elle dans l’interview. "Ils ne sont pas très gentils, ils ne pensent qu’à eux."

  • A propos d’Indira Gandhi et Martin Luther King Jr.

"Une prune amère, une sorte d’arriviste, une femme horrible"… Jackie Kennedy n’avait pas de mots assez durs pour qualifier celle qui allait devenir le Premier ministre de l'Inde, Indira Gandhi.

Son opinion sur le défenseur des droits civiques aux États-Unis, Martin Luther King Jr., était tout aussi désapprobatrice. "Je ne peux pas voir une photo de Martin Luther King sans penser, vous savez, que cet homme est terrible", dit-elle, tout en avouant, par la suite, qu’elle n’ait jamais supporté que le Dr King ne se soit pas rendu aux funérailles de son mari.

  • Sur la foi de JFK

Interrogé sur la piété de son mari, Jackie Kennedy rappelle qu’"il n’a jamais manqué d’aller à l'église le dimanche, mais vous avez sans doute pu vous rendre compte – je me suis souvent demandé si c’était de la superstition ou pas - je veux dire, il n'était pas convaincu, mais c'était comme ça, il voulait avoir ça de son côté."

Elle raconte aussi que JFK priait chaque nuit avant d'aller dormir. "Cela relevait du maniérisme enfantin, je suppose, un peu comme se brosser les dents, raconte-t-elle. Mais je trouvais ça si mignon. Ça m’amusait de le voir debout là."

  • Sur la différence entre John et son frère cadet (et futur sénateur) Edward Kennedy

"Teddy est plus XIXe siècle", estime Jackie, en expliquant la différence de personnalité entre son mari et son jovial frère cadet. "Jack n’a jamais dit : ‘Salut, mec’, ou mis sa main sous mon bras, ou ce genre de choses. Ca le gênait."

  • A propos d’autres hommes politiques américains

Jackie Kennedy se montrait critique vis-à-vis du vice-président et éventuel successeur de son mari, Lyndon B. Johnson. Elle gardait en tête sa réaction à sa nomination comme colistier de JFK. "Je pense que tout le monde était déçu car, d’entre tous, c’est Lyndon Johnson qui était le moins aimé", confie-t-elle, avant d'ajouter : "Jack me le disait quelquefois. Il disait : ‘Oh, mon Dieu, pouvez-vous imaginer ce qui arriverait au pays si Lyndon était président ?’"

Jackie Kennedy rappelle également ce que son mari pensait de Franklin Delano Roosevelt, le président qui a laissé le plus profond souvenir dans le pays. "Il a souvent pensé qu'il s'agissait plutôt d'un ‘charlatan’, non, ce n’est pas le mot, vous savez ce que je veux dire, un peu crâneur, plutôt habile", dit-elle.

  • Sur la crise des missiles cubains

Jackie Kennedy décrit ces jours d’octobre 1962, quand les États-Unis et l'Union soviétique semblaient au bord de la guerre nucléaire, comme certains des plus intimes de son mariage avec JFK. La plupart des épouses avaient été mises à l’abri, mais Jackie Kennedy déclarait avoir convaincu son mari de la laisser rester à ses côtés. "Si quelque chose se passe, nous allons tous rester ici avec vous. Même s'il n'y a pas assez de place dans l'abri anti-atomique de la Maison Blanche", se souvient-elle avoir dit à son mari. "Je veux juste être avec toi, et je veux mourir avec toi, et les enfants aussi – plutôt que de vivre sans toi."