Petit détour sur le célèbre réseau de microblogging où les traders s’en donnent à cœur joie pour commenter les sautes d'humeurs des places financières. Un humour qui cache parfois un vrai malaise.
Entre deux transactions sur des marchés financiers tourmentés, ils tweetent. Certains traders et financiers francophones, particulièrement versés dans le gazouillis, commentent, ironisent et font part de leurs états d’âme sur les soubresauts boursiers de ces dernières jours.
"C'est bientôt l’automne, les actions se ramassent à la pelle", constatait mardi @SkyZeLimit, un trader français particulièrement prolixe qui a choisi un portrait de Gordon Gekko, le personnage principal du film "Wall Street", pour illustrer son profil Twitter. Un sens de la poésie dont tous ne sont pas dotés : "Je suis vitrifié de peur (sic)... On vit une implosion de nos valeurs. On va tous mourir. Du coup... on baise ?", ironise Eric Valatini, un autre trader francophone.
La chute de la valeur boursière des banques, notamment françaises, suscitent une véritable foire aux bons mots boursiers. "Ce marché à des hauts et des BNP-Paribas", rigole @SkyZeLimit, peu après que la rumeur d’une éventuelle impossibilité pour la banque française d’emprunter en dollars se soit répandue dans les salles des marchés. "BNP-Paribas ? La banque d’un monde qui chute", ironise pour sa part Fabrice Pelosi, trader et contributeur à Yahoo! Finances en se référant au fameux slogan de la banque française.
Outre ces traits d’esprit, les fils Twitter de ces professionnels de la finance recèlent d’anecdotes plus terre à terre prouvant que l’ambiance n’est pas au beau fixe dans le petit monde de la bourse. "Un ami qui bosse au back office [l’ensemble des emplois administratifs nécessaires à passer un ordre en bourse, NDLR] chez la soge [Société Générale] ils lui ont proposé 70000€ pour partir et ce n’est pas le seul", note Eric Valatini. Un autre financier très présent sur Twitter, Louis Cyprien, se plaint de l’avalanche de mauvaises nouvelles : "Impossible de s’absenter cinq minutes sans qu’un incident ‘nuke’ [comprendre un incident nucléaire] n’ait lieu".
Mais ces traders et financiers dénoncent tout particulièrement le décalage entre les positions des gouvernements et la réalité des marchés. "Les politiques français : ils parlent bien anglais, mais ne comprennent rien aux marchés. On est bien !", se lamente ainsi Fabrice Pelosi. "Les politiques semblent avoir un vrai problème avec l’économie. Ça commence à m’inquiéter", surenchérit Eric Valatini peu après avoir écrit "j’ai souri à RT [retweet] de François Hollande : la démocratie est plus intelligente que les marchés".