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Les sénateurs donnent un premier feu vert au plan d'austérité

Le plan d'austérité du gouvernement Berlusconi, chiffré à plus de 52 milliards d'euros, a obtenu l'aval du Sénat, mercredi soir. Dans les prochains jours, les députés seront chargés d'entériner définitivement les nouvelles mesures de rigueur.

AFP - Les sénateurs italiens ont donné mercredi soir un premier feu vert au plan d'austérité de plus de 52 milliards d'euros du gouvernement Berlusconi, renforcé à la dernière minute pour rassurer les marchés après moult tergiversations.

165 sénateurs ont voté pour et 141 contre lors d'un vote de confiance auquel le gouvernement avait décidé de recourir pour accélérer l'adoption de ce plan.

Les députés devront désormais entériner définitivement ces mesures dans les prochains jours lors d'un vote dont la date n'a pas encore été fixée.

Après des semaines de tergiversations pour tenter de contenter tous les pans d'une majorité affaiblie, le gouvernement a renforcé mardi ce plan annoncé en urgence en août, en échange du soutien de la Banque centrale européenne, après l'adoption en juillet d'un premier plan jugé insuffisant.

Nouvelle mesure phare, la TVA augmentera d'un point à 21%, ce qui garantira environ 4 milliards de recettes annuelles dans le but de rassurer les marchés qui s'inquiétaient du poids accordé à la lutte contre l'évasion fiscale, aux résultats difficiles à estimer.

Volte-face: une taxe sur les plus riches abandonnée tout récemment a été finalement réintroduite mais sera beaucoup moins large que la précédente, retirée sous la pression du Cavaliere, troisième fortune d'Italie.

Fixée à 3%, elle ne concernera que les revenus supérieurs à 300.000 euros par an (et non 500.000 euros comme indiqué mardi dans un premier temps), alors que la précédente version touchait les revenus de plus de 90.000 euros.

L'âge de départ en retraite des femmes dans le privé, actuellement fixé à 60 ans, sera en outre aligné sur celui des hommes (65 ans), à partir de 2014 et non de 2016.

Avec ces mesures, le montant du plan, qui doit permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire son énorme dette (120% du PIB), a grimpé à 54,2 milliards contre 45,5 initialement.

Bruxelles a salué l'adoption de ces mesures qui "confirment la détermination des autorités" italiennes à assainir les finances publiques, tout en invitant Rome à renforcer encore la lutte contre l'évasion fiscale qui s'élève à environ 120 milliards par an dans le pays.

Sur le marché obligataire, les taux italiens se sont nettement détendus, tandis que la Bourse de Milan a rebondi de 4,24% après trois séances de chute.

Selon Fabio Fois, économiste de Barclays Capital, si ces mesures ont renforcé "l'efficacité et la crédibilité" du plan, le pays a toutefois "toujours besoin de réformes structurelles" pour relancer la croissance.

De son côté, la presse a cloué au pilori le manque de crédibilité du gouvernement, le Corriere della Sera dénonçant un "gouvernement affaibli par les tensions internes et le temps perdu".

"Le voyage aventureux du plan d'austérité de début juillet à aujourd'hui a mis impitoyablement en lumière un déficit politique et décisionnel qui a peu de précédents", a renchéri le quotidien économique Il Sole 24 Ore.

Défendant l'action du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, a au contraire mis en avant "la rapidité et le sérieux" de ce plan de rigueur.

Mais sur le front social, la grogne s'amplifiait. Après les manifestations de mardi à l'appel du principal syndicat, la CGIL, les deux autres centrales, Uil et Cisl, peu virulentes en général contre le gouvernement, ont rejeté avec force l'augmentation de la TVA jugée injuste socialement.

Une critique relayée par l'opposition de gauche. "Ce gouvernement est méchant avec les gens qui en ont le moins (...) mais très tendre avec ceux qui en ont le plus", a attaqué Anna Finocchiaro, du Parti Démocrate.

Au moment de l'adoption, une centaine de manifestants du Cobas, mouvement autonome, ont fait exploser pétards et fumigènes dans le centre de Rome et ont été repoussés par la police alors qu'ils tentaient de se rassembler aux abords de la résidence privée de Silvio Berlusconi.