Emboîtant le pas à la Cour suprême allemande, les députés français ont avalisé le projet de loi sur une rectification du budget afin de débloquer des fonds destinés à financer le plan de sauvetage de la Grèce.
REUTERS - La France et l'Allemagne ont apporté mercredi une lueur d'espoir à la Grèce, qui espère obtenir bientôt le feu vert de la zone euro à un nouveau plan de sauvetage crucial pour éviter une faillite au pays.
A Paris, l'Assemblée nationale a approuvé le projet de loi de finances rectificative qui prévoit d'élargir les missions du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Sénat devrait faire de même jeudi prochain. Les députés français sont les premiers à procéder à un tel vote dans toute la zone euro.
Le deuxième plan grec adopté le 21 juillet dernier par la zone prévoit d'autoriser le FESF à accorder des prêts de précaution à des pays qui seraient attaqués sur les marchés et à acheter de la dette souveraine, dans des circonstances exceptionnelles, pour soutenir les Etats en difficulté.
Ce plan, d'un montant total de 109 milliards d'euros, sera abondé par une participation des banques et assureurs européens allant jusqu'à 50 milliards d'euros, suit un premier plan d'un montant de 110 milliards en 2010.
L'endettement français sera accru d'environ 15 milliards d'euros d'ici à 2014 en raison de sa mise en œuvre.
En étant le premier pays à entamer avec succès la procédure de ratification du nouveau plan européen de sauvetage de la Grèce, la France pose un geste symbolique censé rassurer les marchés financiers déstabilisés par les tergiversations.
Une autre nouvelle rassurante pour la zone euro est venue le même jour d'Allemagne, où la Cour de Karlsruhe a invalidé toute une série de recours qui visaient à empêcher l'Allemagne de participer au programme de renflouement de la Grèce et à d'autres plans d'aide à des pays membres de la monnaie unique.
Même si la cour constitutionnelle allemande estime que le gouvernement allemand doit solliciter l'approbation de la commission du Budget du Bundestag avant d'accorder une telle aide, elle ouvre la voie à l'approbation du plan par Berlin.
Merkel sous pression
Vingt-cinq députés de la coalition au pouvoir en Allemagne ont toutefois refusé de soutenir le projet de loi visant à élargir les pouvoirs du FESF lors d'un scrutin organisé lundi soir.
Le vote de cette mesure ne devrait toutefois pas présenter de difficultés grâce au soutien des partis d'opposition. Mais la chancelière est fortement pressée d'obtenir une majorité avec ses seuls alliés conservateurs, sous peine d'être affaiblie sur le plan politique intérieur.
Ce double signal franco-allemand est important mais certains pays de la zone euro traînent des pieds.
Le parlement slovaque se prononcera par exemple en décembre au plus tôt sur le renforcement des pouvoirs du FESF, après tous les autres Etats membres de la zone euro, alors qu'une action rapide était attendue pour rassurer les marchés.
Pour Iveta Radicova, Premier ministre slovaque, la Grèce n'a pas réussi à satisfaire aux conditions requises pour obtenir le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide financière.
Le directeur général du FESF, Klaus Regling, a confirmé ce pessimisme en déclarant mercredi que le plan des créanciers internationaux pour la Grèce ne fonctionnait pas et qu'Athènes ne serait pas en mesure de se refinancer sur les marchés comme prévu.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a lui aussi déclaré mardi que la Grèce ne pourrait pas recevoir une nouvelle tranche d'aide internationale si le rapport d'étape des experts de la "troïka" (FMI, BCE et Commission européenne) sur les réformes entreprises n'était pas positif.
Les discussions entre les autorités grecques et les inspecteurs de l'UE, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne ont été suspendues vendredi dernier pour dix jours, les deux parties étant en désaccord sur les raisons et l'ampleur du retard pris par Athènes dans la réduction de son déficit budgétaire.
La France a donc logiquement exhorté mercredi la Grèce à remplir les engagements qu'elle a pris devant ses partenaires.
La porte-parole du gouvernement français, Valérie Pécresse, a rappelé à Athènes la "nécessité" que "le gouvernement et le Parlement grecs mettent eux aussi pleinement en oeuvre les modalités de ce plan et qu'ils l'appliquent avec résolution, la même résolution que les pays prêteurs".