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17 millions de Vénézuéliens décident si Chavez pourra ou non briguer un autre mandat

Depuis ce matin 10h GMT, les Vénézueliens se rendent aux urnes pour décider si "oui" ou "non" le président Chavez pourra briguer un nouveau mandat. Une forte participation est attendue jusqu'à la fermeture des bureaux à 18h GMT.

AFP - "Hugo Chavez est le seul, il n'y a pas d'alternative", assure Conchita Reques après avoir glissé dans l'urne un "oui" convaincu pour l'amendement qui permettrait au président de se représenter. "Non, c'est non", affirme tout aussi persuadée Rosi Gonzales, estimant qu'il a "détruit" le pays.

Il est six heures du matin à Caracas et Conchita Reques, veuve de 68 ans a voulu se faire belle pour voter, car ce 15 février est pour elle un jour de fête.

Soigneusement coiffée, elle porte une chemise rouge, et a les lèvres et les ongles peints dans cette couleur, celle des partisans du président socialiste.

Avant l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez, il y a dix ans, "je devais me tuer au travail pour pouvoir élever mes deux enfants. Chavez est arrivé et ma pension a augmenté, ma vie a changé. Jamais personne ne s'était occupé de nous avant. Ce peuple a récupéré sa dignité", assure-t-elle.

Dans ce quartier du "23 janvier", district populaire de l'ouest de Caracas très favorable au chef de l'Etat, les électeurs ont commencé à s'aligner devant les bureaux de vote dès quatre heures du matin, deux heures avant l'ouverture du scrutin.

"Nous sommes dans un processus révolutionnaire. Mais voter aujourd'hui pour cet amendement ne signifie pas que Chavez va rester au pouvoir toute la vie. Cela dépendra de ses résultats", assure José Madrid, un économiste de 52 ans.

Si l'amendement était approuvé, le président, les maires, conseillers municipaux, gouverneurs et députés pourraient se représenter devant les électeurs autant de fois qu'ils le souhaitent, alors que l'actuelle constitution n'autorise que deux mandats consécutifs.

S'il est rejeté, Hugo Chavez, réélu en 2006, ne pourrait pas être candidat lors de la prochaine élection présidentielle, en 2012.

"Si les élections avaient lieu demain, je voterais pour Chavez. Son bilan est positif", explique encore José Madrid.

Mais la société vénézuélienne reste très divisée, entre fermes partisans du président et opposants forcenés.

A l'est de Caracas, dans le quartier plus cossu de Chacao, le son de cloche est d'ailleurs tout autre.

"Non c'est non", dit Rosi Gonzales, femme au foyer de 56 ans.

"Je suis opposante à 100%, nous ne voulons pas de Chavez, ni de la ré-élection illimitée, ni de ses partisans. Il en a trop fait. Il a détruit le pays. Les gens ont faim et il a fragilisé toutes les entités du pays", dit-elle, en reprenant deux des sujets les plus exploités par l'opposition: la crise économique et la corruption.

"Le Venezuela n'a jamais été comme ça auparavant. On nous tue, on tue nos visiteurs. Je vote à 100% contre l'insécurité", renchérissait pour sa part José Oca, un commerçant de 58 ans, en évoquant l'explosion de la criminalité, un autre des sujets sur lesquels l'opposition a insisté.

"Non, non et non", dit aussi Marabelis Rangel, un avocat de 46 ans. "Ce monsieur doit s'en aller (...) Il a divisé le pays", assure-t-il en estimant que la campagne a été déséquilibrée, en raison de l'accès privilégié des partisans d'Hugo Chavez aux médias officiels.

Cesar Lopez, fonctionnaire de 32 ans, tient pour sa part à expliquer que c'est "le destin du pays qui est en jeu". "J'ai voté pour la démocratie. Nous sommes fatigués (de Chavez, ndlr). Nous voulons quelqu'un d'autre".