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Dans les coulisses de la conférence de Paris

Les représentants de 63 pays se sont réunis jeudi à Paris pour la conférence des "amis de la Libye nouvelle". Chefs d’État et membres de gouvernement se sont rendus à l'Élysée, sous les caméras de centaines de journalistes venus du monde entier.

Aux abords de l’Élysée, un impressionnant dispositif policier est déployé. Sur les toits, les tireurs d’élite jouent les acrobates sur les cheminées des immeubles environnants. La salle de presse bourdonne comme une ruche surchauffée et surpeuplée. On entend parler allemand, grec, polonais, roumain, anglais, espagnol… Une vraie tour de Babel. Tout le monde, ici, attend avec fébrilité l’arrivée des 63 délégations devant assister à la conférence des amis de la Libye, prévue jeudi après-midi. Cette réunion, à l’ampleur extraordinaire, est déterminante pour la nouvelle Libye, à peine née et avide de reconnaissance. Ironie de l’histoire : aujourd’hui, Mouammar Kadhafi, ex-leader libyen, aurait fêté le 42e anniversaire de son accession au pouvoir.

Les délégations sont attendues vers 16h45. Mais à 16h15, branle-bas de combat : les gardes républicains se mettent au garde-à-vous, la fanfare entonne quelques coups de tambour… David Cameron, Premier ministre britannique arrive, à pied, dans la cour de l’Élysée. C’est lui qui ouvre le bal. Il  s'ensuit un ballet de voitures diplomatiques dans la cour du palais présidentiel. Parmi les journalistes, c’est le jeu du ‘qui est qui’. Et du coude-à-coude, seule tactique pour défendre sa place c'est-à-dire le plus près possible du perron de l’Élysée et du cordon de sécurité délimitant l’espace réservé aux journalistes. La bataille est rude, impitoyable.

Du Tchad à l’Allemagne, de la Corée du Nord aux États-Unis, la liste des invités est longue. Le défilé des voitures l’est tout autant. Bientôt, la cour de l’Élysée retrouve son calme. Les "amis de la Libye" travaillent, les journalistes attendent. Ils tentent de glaner des informations, racontent des blagues parfois douteuses, analysent la situation… Les quelques journalistes libyens présents à l’Élysée sont assaillis de questions de leurs confrères :  Peuvent-ils désormais travailler librement ? Comment faisaient-ils quand Kadhafi était au pouvoir ? Comment ont-ils couvert ces quatre mois de conflits ?

15 milliards d’euros débloqués

Pendant ce temps, dans la salle des fêtes de l’Élysée, le gratin de la diplomatie mondiale vient de décider du dégel de 15 milliards d’euros d’avoirs libyens pour permettre d’entamer la reconstruction du pays, ravagé par des mois de guerre civile, contre la promesse de la démocratie, de la stabilité et de la réconciliation. "L'argent détourné par Mouammar Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens. Nous nous sommes tous engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye aujourd'hui", déclare le président français lors de la conférence de presse qui suit.

Comme une rengaine, David Cameron, Nicolas Sarkozy et le secrétaire général de l’ONU, Ban ki Moon martèlent : "La destinée des Libyens appartient aux Libyens", "les opérations militaires de l’Otan ont été demandées par le Conseil national de transition libyen", "les Libyens ne doivent la victoire qu’à eux-mêmes"... Pour autant, les frappes de l’Otan devraient se poursuivre tant que Mouammar Kadhafi et ses partisans "resteront une menace pour le peuple libyen".

"Bon, eh bien on n’est pas sortis du merdier", glisse un journaliste à l’un de ses collègues.