Premier test d'envergure pour la police londonienne depuis les violentes émeutes qui ont frappé la capitale pendant l'été, le carnaval du quartier chic de Notting Hill accueille ce week-end le plus grand festival de rues d'Europe.
AFP - Un important dispositif policier était en place dimanche à Londres, au premier jour du carnaval de Notting Hill, le plus grand festival de rues d'Europe, pour éviter que cette fête haute en couleurs ne dérape trois semaines après les émeutes qui ont embrasé l'Angleterre.
Quelque 5.500 policiers étaient déployés dans le quartier chic et branché de Notting Hill, dans l'ouest de la capitale britannique, transformé en immense piste de danse le temps d'un week-end prolongé où sont attendues un million de personnes.
Lundi, temps fort de ce carnaval qui célèbre la culture caribéenne, ils seront 6.500, soit un millier de plus qu'en 2010. Quatre-mille autres policiers sont aussi stationnés dans le reste de la ville "en plus des milliers normalement en service", selon Scotland Yard.
Le carnaval, qui est régulièrement le théâtre de débordements, est le premier test pour la police depuis les émeutes urbaines de début août. Lors de ces violences, les pires depuis au moins trente ans, les forces de sécurité avaient été vivement critiquées pour leur manque de réactivité.
La réputation de Londres, qui accueillera les jeux Olympiques d'été de 2012, est aussi en jeu, après les images dévastatrices de quartiers en flammes et de pillages début août. Le maire de Londres, Boris Johnson, a souhaité que "le véritable esprit de Londres brille" tout au long du week-end.
Sous un timide soleil, des gamins et adolescents, déguisés en dragons ou le visage recouvert de peinture, ont commencé à défiler en fin de matinée dimanche, journée traditionnellement consacrée aux enfants.
Des enceintes installées sur des chars crachaient leurs décibels, tandis que des badauds se déhanchaient sur les rythmes de soca ou de calypso, dans des odeurs de cuisine exotique.
Le carnaval est "une occasion de panser les plaies des émeutes. Il montre (...) qu'on peut avoir du bon temps dans les rues", s'est réjoui un spectateur, Graham Randall, alors qu'aucun incident n'était signalé à la mi-journée.
Le doute a plané un temps sur le maintien de l'édition 2011, en raison des troubles qui ont secoué du 6 au 10 août plusieurs villes d'Angleterre, dont Londres. Cinq personnes ont été tuées pendant ces violences, déclenchées par la mort d'un jeune homme tué par la police dans le nord de la capitale.
Les organisateurs du carnaval et les autorités ont finalement décidé de maintenir les festivités, mais plusieurs mesures - outre l'imposant dispositif policier - ont été prises pour éviter des dérapages.
Le défilé se terminera chaque soir à 19H00 (18H00 GMT) au lieu de 20H30, les pubs devront fermer à 21H00 maximum, au milieu de 23H00, et la police a procédé à 40 arrestations en amont du carnaval, selon les derniers chiffres de Scotland Yard.
"Annuler l'événement aurait eu un impact négatif et aurait envoyé un mauvais message à un an des jeux Olympiques", a estimé le co-directeur du festival, Ancil Barclay, interrogé par l'AFP.
L'histoire du carnaval, créé en 1964 par des immigrés venus des colonies britanniques des Caraïbes, est jalonnée de débordements et de violences. La police procède chaque année à plusieurs dizaines d'arrestations, pour rixes et autres incidents souvent liés à l'alcool.
En 1976, une centaine de policiers avaient été blessés lors d'émeutes déclenchées pendant le festival. Mais au cours de trois dernières années, "il n'y a eu aucun problème majeur", selon M. Barclay.
Dimanche et comme chaque année, de nombreux commerçants de Notting Hill ont protégé avec des contreplaqués leurs vitrines pour dissuader d'éventuels pilleurs.