
D'après l'ONG Human Rights Watch, des rebelles hutus des FDLR, traqués par une opération militaire congo-rwandaise, chercheraient à intimider les populations locales. Au moins 100 civils auraient été tués.
Qui sont les FDLR et pourquoi s’en sont-ils pris à des civils ?
Anneka Van Woudenberg : Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont des miliciens rwandais hutus qui se sont établis il y a quinze ans dans les collines du Nord-Kivu, en RDC. La plupart d’entre eux ont pris part au génocide au Rwanda en 1994. Ces derniers mois, ils ont attaqué des civils hutus avec lesquels ils étaient contraints de vivre et qu’ils accusent de les avoir trahis. On estime que plus de 100 personnes ont trouvé la mort dans ces affrontements. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un tel niveau de violence.
Pourquoi des Hutus attaqueraient-ils d’autres Hutus ?
J’ajoute que, bien que l’opération contre les milices hutues du FDLR soit menée conjointement par la RDC et le Rwanda, la plupart des militaires sur le terrain sont Rwandais et Tutsis. Ces hommes attendent depuis longtemps de pouvoir prendre leur revanche sur les Hutus. Les FDLR ont alors empêché des civils de fuir et s’en sont servis comme bouclier humain.
Comment pouvez-vous affirmer que les tueries ont été perpétrées par des milices hutues et non par d’autres groupes armés de la région ?
A.V.W. : Nous avons interrogé des dizaines de témoins et de victimes qui fuyaient les zones de combats et se rendaient dans les camps de réfugiés à proximité de la ville de Goma. Ils savent très bien reconnaître les membres du FDLR, puisqu’ils ont habité ensemble durant des années. Nous avons entendu des récits bouleversants. Les miliciens hutus auraient organisé des réunions publiques, où ils accusaient la population civile de les avoir trahis. Ils leur ont dit qu’ils tenaient les civils pour responsables de la situation et qu’ils affûtaient leurs armes. Les civils ne savaient pas où aller, ils ont fui sur les routes, à travers les collines, avec la peur de se faire tuer. Ces témoignages nous sont donc parvenus au compte-gouttes.