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Benoît XVI veut remettre "l'homme" au centre de l'économie

Au premier jour de sa visite à Madrid à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le pape Benoît XVI a dénoncé dans son discours les structures économiques qui privilégient le profit au détriment des êtres humains.

AFP - Le pape Benoît XVI a plaidé pour une économie régulée privilégiant "l'homme" au lieu du profit à tout prix, à son arrivée jeudi à Madrid après des incidents nocturnes entre policiers et défenseurs de la laïcité qui dénoncent le coût des Journées mondiales de la jeunesse.

"L'homme doit être au centre de l'économie", "cela se confirme dans la crise actuelle (...) L'économie ne peut se mesurer par le maximum de profit", a déclaré le pape avant sa descente d'avion.

Dans l'avion qui l'amenait à Madrid, il a dénoncé l'illusion d'une "économie autorégulée", le centre de l'économie "n'étant pas le profit mais la solidarité", alors que des plans de rigueur en Espagne et ailleurs veulent mettre un frein à l'endettement et à la spéculation des marchés et suscitent le mécontentement social.

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Ces français qui se rendent aux JMJ
Benoît XVI veut remettre "l'homme" au centre de l'économie

Benoît XVI a aussi fustigé la précarité de l'emploi qui fait que "beaucoup de jeunes regardent avec préoccupation leur avenir", alors que l'Espagne connaît un chômage des jeunes particulièrement élevé avec 46,1% des 16-24 ans sans travail.

Sous un ciel plombé, l'accueil par le roi Juan Carlos et la reine Sofia a été chaleureux: derrière une rangée d'enfants déguisés en gardes suisses, des jeunes des JMJ agitaient des drapeaux multicolores, applaudissaient, scandaient "c'est la jeunesse du pape".

Au début de sa visite de quatre jours, Benoît XVI a brossé un tableau sombre de la société occidentale: "les jeunes voient la superficialité, la consommation et l'hédonisme régnants, tant de banalité au moment de vivre la sexualité, tant de manques de solidarité, tant de corruption!".
              

Il a aussi dénoncé "la dépréciation, la discrimination ouverte ou larvée" du christianisme dans divers pays, demandant aux jeunes de ne pas avoir "peur" d'afficher leur foi.

Sans évoquer le scandale des prêtres pédophiles dans plusieurs pays occidentaux, Joseph Ratzinger a dit son "immense joie" de  présider ces JMJ, qu'il a décrites comme "une brise d'air pur et juvénile" qui "remplit de confiance pour le demain de l'Eglise". Les JMJ "sont une cascade de lumière pour montrer la présence de Dieu", a-t-il dit.

En ville, des milliers de jeunes, bravant la chaleur lourde à l'heure de la sieste, déambulaient, enveloppés dans des drapeaux, improvisant des rencontres avec d'autres groupes d'autres pays.

Sur le parcours depuis l'aéroport, ils s'étaient massés par centaines de milliers, agitant des drapeaux multicolores, noyant la papamobile sous une pluie de confettis, criant "vive la pape", "c'est la jeunesse du pape".

"C'est la preuve que la jeunesse catholique est très vivante", lançait Jesus Godoy, un séminariste de 27 ans venu du Venezuela.
              

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Les indignés des JMJ
Benoît XVI veut remettre "l'homme" au centre de l'économie

Jeudi soir, tous se rassembleront sur la place de Cibeles, en plein centre de Madrid. Le pape sera salué par des cavaliers andalous et une parade aérienne.

Mercredi soir, des milliers de manifestants rassemblés à l'appel de 140 associations pro-laïcité avaient fait face dans le centre de Madrid à des groupes de jeunes pèlerins catholiques, échangeant insultes ou slogans hostiles, séparés par des cordons de policiers.

Des heurts ont éclaté place de la Puerta del Sol, lieu symbolique des manifestations de ces derniers mois contre la crise. Onze personnes ont été légèrement blessées.

Plusieurs milliers de manifestants laïques s'étaient rassemblés dans la soirée derrière une pancarte portant les mots "De mes impôts, zéro centime pour le pape. Etat laïc". Ils criaient "Cette jeunesse n'est pas celle du pape", "Stop, transphobie, sexisme, homophobie".

Des centaines de pèlerins catholiques les ont accueillis aux cris de: "Cette jeunesse est celle du pape".

Jeudi, Benoît XVI devait être accueilli par une séance de baisers, convoquée sur Facebook par un collectif de défense des homosexuels.

Les défenseurs de la laïcité ont calculé que les différentes administrations auront dépensé plus de cent millions d'euros pour ces JMJ, un coût jugé exorbitant alors que l'Espagne affiche un taux de chômage de plus de 20%.

Les organisateurs font, eux, valoir que ces journées, avec un coût estimé à 50,5 millions d'euros, sont autofinancées par les contributions des pèlerins et les dons d'entreprises, et évaluent à cent millions d'euros les retombées pour l'économie locale.