
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se rencontrent ce mardi à l'Élysée pour tenter de mettre un terme au climat de défiance qui frappe la zone euro. Berlin a toutefois prévenu Paris : il ne faut pas s'attendre à une issue "spectaculaire".
Suivez en direct sur FRANCE 24 la conférence de presse du président français Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel, prévue à partir de 18h00 à l'Élysée (heure de Paris).
AFP - La journée de mardi est cruciale pour Nicolas Sarkozy, qui s'entretient des prochaines restrictions budgétaires avec son Premier ministre François Fillon, avant de retrouver la chancelière allemande Angela Merkel à l'Elysée pour tenter d'enrayer la spirale de défiance qui frappe la zone euro.
Le sommet du couple franco-allemand, moteur économique d'une Union européenne empoisonnée par les dettes abyssales de ses membres, met les places boursières et les investisseurs de la planète sur les dents.
Cette réunion était prévue depuis le sommet de la zone euro à Bruxelles le 21 juillet sur la dette grecque, quand M. Sarkozy et Mme Merkel avaient planifié de se retrouver "avant la fin de l'été", pour discuter du renforcement de la gouvernance économique de la zone euro.
Mme Merkel était attendue à l'Elysée à 16h00 pour une entretien de plus de deux heures avec le président Sarkozy. S'ensuivront une conférence de presse commune, à 18h30, puis un dîner de travail.
La rencontre a pris un tour beaucoup plus dramatique sous la pression des événements: baisse de la note de la dette américaine, rumeurs sur une possible dégradation de la note de la France, démenties par l'ensemble des agences de notation, bourses erratiques... Autre facteur aggravant pour les places financières: la publication mardi matin des mauvais chiffres de la croissance allemande (0,1% au 2è trimestre).
Mais que ce soit pour conjurer la pression des marchés ou parce qu'eux-mêmes en sont persuadés, les Allemands ont prévenu dès lundi qu'il ne fallait pas attendre du sommet une issue "spectaculaire".
Toutefois, la question des "euro-obligations" (ou eurobonds), qui ne devait pas être abordée lors du sommet de l'Elysée mais sont perçues par certains responsables européens comme un moyen de renforcer la solidarité de la zone euro, pourrait finalement trouver sa place dans les discussions entre M. Sarkozy et Mme Merkel.
Lundi, Paris, à la suite de Berlin, avait assuré que cette question ne serait "pas à l'ordre du jour". Toutefois, il semblait mardi, à quelques heures de la rencontre franco-allemande, que la création d'euro-obligations ne soit plus taboue en Allemagne, des élus CDU, le parti de Mme Merkel, se posant ouvertement la question dans la presse.
Le chef de l'Etat devait également expliquer à la chancelière allemande quels moyens il compte prendre pour contenir les déficits de la France et réduire sa dette (près de 1.600 milliards d'euros, soit près de 85% de son PIB).
Ce sujet a été au centre d'un déjeuner de travail, mardi, entre MM. Sarkozy et Fillon, qui ont examiné les propositions des ministres de l'Economie François Baroin et du Budget Valérie Pécresse.
Selon l'Elysée, une nouvelle réunion d'arbitrage aura lieu entre les deux responsables de l'exécutif mercredi 24 août en fin d'après-midi, avant le départ du président pour la Nouvelle-Calédonie, à l'occasion des Jeux du Pacifique. Le matin du 24 se tiendra également le Conseil des ministres de la rentrée.
L'une des pistes retenues par le couple exécutif serait la suppression de niches fiscales, le dilemme étant d'y parvenir sans "casser" une croissance déjà atone (0% au 2è trimestre).
Sur le plan politique, la séquence est d'autant plus primordiale pour M. Sarkozy et Mme Merkel que l'un et l'autre ont de futures élections en ligne de mire (présidentielle en 2012 pour M. Sarkozy, législatives en 2013 pour Mme Merkel).
Avec également 2012 dans son viseur, l'opposition en France réclame des "hausses d'impôts immédiates" pour les plus riches. De son côté, la chancelière subit les pressions notamment de ses alliés libéraux, qui n'hésitent pas à évoquer la fin de la coalition avec le CDU.