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Dans une lettre rendue publique ce mardi, un ancien journaliste de News of the World affirme que les écoutes téléphoniques étaient encouragées par la rédaction. Andy Coulson, l'ex-rédacteur en chef du tabloïd, est directement mis en cause.

AFP - Les écoutes téléphoniques étaient "largement abordées" dans le journal britannique News of the World en présence du rédacteur en chef de l'époque Andy Coulson, ex-directeur de la communication du Premier ministre David Cameron, selon une lettre rendue publique mardi par une commission parlementaire.

Dans cette lettre datée du 2 mars 2007, Clive Goodman, un journaliste du News of the World condamné en 2007 pour avoir pratiqué des écoutes illégales ce qui lui a valu son poste, affirme en outre qu'Andy Coulson a tenté d'étouffer le scandale, en lui promettant qu'il retrouverait son emploi s'il n'impliquait pas le journal devant la justice.

Le reporter a adressé la lettre à la direction des ressources humaines de News International, qui chapeaute les journaux britanniques du groupe de Rupert Murdoch, dont News of the World. Il l'a envoyée après avoir purgé sa peine de prison.

M. Goodman proteste contre son licenciement, assurant qu'il a agi "avec le soutien plein et entier" de journalistes confirmés du journal, qu'il cite mais dont les noms ont été gommés dans le cadre de l'enquête de police.

"Cette pratique était largement abordée dans la conférence du matin, jusqu'à ce que toute référence en soit bannie par le rédacteur en chef", souligne M. Goodman dans cette lettre rendue publique par la commission parlementaire britannique des médias.

Le rédacteur en chef à l'époque des faits, M. Coulson, est devenu en 2007 conseiller pour la communication de M. Cameron alors chef des conservateurs, puis Premier ministre. Il a démissionné de son poste en janvier 2011 sous la pression du scandale.

Surtout, la lettre assure que M. Coulson a tenté d'étouffer l'affaire, en proposant à son ancien correspondant pour les affaires royales de le faire revenir au journal s'il n'impliquait pas le quotidien devant les juges.

L'accusation risque d'embarrasser sérieusement le Premier ministre, harcelé pendant tout le mois de juillet par l'opposition qui l'a accusé d'avoir manqué de discernement en embauchant M. Coulson, juste après son départ du News of the World en 2007.

M. Cameron a aussi dû se défendre pied à pied sur ses liens avec le groupe Murdoch, News Corp., dont il a rencontré 26 fois les dirigeants en quinze mois et qui avait soutenu sa campagne électorale.

Rupert Murdoch a fermé brusquement début juillet le dominical News of the World, soupçonné d'avoir écouté ou lu les messageries de près de 4.000 personnes depuis le début des années 2000, dont des célébrités, membres de la famille royale et jusqu'à la messagerie d'une fillette assassinée.

Un porte-parole de News International a indiqué mardi que le groupe "reconnaissait le sérieux des documents révélés par la police et le parlement et était engagé à travailler de manière constructive et transparente avec toutes les autorités compétentes".