À Damas, les autorités ont arrêté le président de la Ligue des droits de l'Homme, Abdel Karim Rihaoui. Un autre militant particulièrement actif, Rami Abdel Rahmane, assure depuis Londres que "plus rien ne l'étonne" de la part du régime.
Jeudi soir, Abdel Karim Rihaoui, l'un des militants syriens les plus actifs du pays, a été arrêté par la police syrienne. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, il seraient près de 15 000 à avoir subi le même sort.
Président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme depuis 2004, il était l'une des principales sources d'information des médias étrangers. Vendredi, le gouvernement français a appelé à sa libération immédiate.
Le président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, Rami Abdel Rahmane, en exil à Londres, ne se déclare absolument pas surpris par cette arrestation. Et appelle la communauté internationale à "des actes plutôt que des paroles".
France24.com : Avez-vous des nouvelles d'Abdel Karim Rihaoui ?
Rami Abdel Rahmane : Non, nous n’en avons aucune. Nous savons juste qu’il a été arrêté jeudi dans le café Havana, à Damas, vers 15 heures. Son arrestation intervient après ses déclarations concernant les évènements qui secouent la Syrie depuis mars et ses prises de position vis-à-vis des droits de l’Homme dans notre pays.
France24.com : Avez-vous été surpris par son arrestation ?
R. A. R. : C’est vrai que c’est la première fois qu’il est arrêté, mais comment pourrais-je être surpris ? Avec ce régime, rien ne m'étonne. Ce que je crains, c’est que des membres de sa famille soient personnellement pris pour cible par les forces de sécurité.
France24.com : Son arrestation va-t-elle avoir un impact sur l’activité de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme ?
R. A. R. : Nous disposons d’environ 200 activistes volontaires dans tout le pays - dont certains ont été arrêtés et dont nous restons sans nouvelles. Notre travail consiste à recueillir des témoignages et des informations concernant les arrestations de citoyens, d'intellectuels, d'activistes ou de militants politiques, afin d'informer les opinions publiques syrienne et internationale.
France24.com : Que pensez-vous des propos de Bachar al-Assad, qui a reconnu il y a deux jours des "erreurs" dans la gestion sécuritaire de la crise, tout en continuant à qualifier les manifestants de "terroristes" ?
R. A. R. : Il est libre de déclarer ce qu’il veut. La réalité est qu’aucun responsable politique ou sécuritaire, ni aucun officier n’a été jugé depuis le début de la contestation populaire. Pourtant, il ne se passe pas un jour sans morts et sans arrestations.
France24.com : Vendredi, Paris a demandé la libération d'Abdel Karim Rihaoui. Que pensez-vous de la réaction de la communauté internationale à l'égard de la Syrie ?
R. A. R. : La communauté internationale réagit, mais n’agit pas. Même avant ces évènements, Damas était pressé de libérer les prisonniers politiques et de respecter les droits de l’Homme. Mais le régime a-t-il un jour pris des mesures dans ce sens ? Jamais ! Ce que nous attendons, ce sont des actes, pas des paroles.